Au fil de ma Biennale (3)

Vous verrez, au Palais de justice où se tient l’exposition internationale, cette œuvre apparemment objet de « polémique » : le visage couvert d’un des sujets sur les photos.

Au fil de ma Biennale (3), Information Afrique Kirinapost

œuvre de @KaneSi au #Radisson

L’intéressée, n’ayant apparemment pas donné son autorisation, aurait saisi l’artiste. A la place d’user de son droit d’exiger le retrait pur et simple de l’œuvre, l’option de couvrir le visage a été trouvée. Ce qui, bien sûr, enlaidit l’œuvre.

Le Secrétariat de la Biennale devrait en tirer une leçon et exiger, dans le futur, la production d’une autorisation des sujets sur les œuvres pareilles.

Nul n’a le droit d’utiliser l’image d’autrui sans son consentement, et pour seulement l’intention manifestée et acceptée.

Nous avons récemment vu, après un clip vidéo d’une musicienne sénégalaise, une maman se plaindre sur les réseaux pour avoir été filmée à son insu.

Pour rappel, les principes fondamentaux du droit à l’image sont :

– le consentement préalable

– la finalité de l’utilisation

– le respect de la vie privée

La loi prévoit toutefois des exceptions :

– Dans un lieu public, une image collective où une personne est indistincte peut être utilisée sans autorisation.

– Les personnalités publiques (politiciens, artistes, etc.) dans l’exercice de leurs fonctions peuvent être photographiées, mais uniquement dans un contexte lié à leur activité publique.

Au fil de ma Biennale (3), Information Afrique Kirinapost

Pascal en plein travail…PILOHA au Point E ( ancienne école des Beaux Arts)

Pascal, les « pansés’

On sort de cette exposition apaisé. Soigné, j’allais dire.

Au point E, dans l’incroyable site qui avait accueilli jadis l’école des beaux arts du Sénégal, #PILOHA invite. De la peinture comme on n’en voit pas assez !

De belles œuvres, soigneusement présentées dans une cohérence interne (on peut sentir l’affinité esthétique du collectif).

Belles? Oui.Si elles n’émeuvent pas, elles interpellent.

Et Pascal et ses amis, au-delà de la « simple » apparence, font montre d’une grande maîtrise technique.

Dans ce lot de beaux, les objets raffinés de la désigner Raïssa Hachem attirent l’attention.

Les toiles de Nampémanla, profondes et reconnaissantes envers un patrimoine en partage, suscitent admiration.

Observer une œuvre, c’est redécouvrir l’infinité de nos sens

Dans quelles conditions cette toile a-t-elle été peinte ou cette photo prise ? Dans quel état d’esprit se trouvait l’artiste ? Quel était son environnement immédiat ? Quels souvenirs ou fragments de son passé ont affleuré au moment de la création ?

Face à une œuvre, tout le potentiel sensoriel et imaginatif dont la nature nous a dotés peut être convoqué pour entreprendre ce voyage intérieur.

Mais pour que cette expérience ait lieu, l’artiste doit posséder le talent de transmettre. Sans cela, une œuvre vide, dépourvue de profondeur, ne résonnera qu’avec des banalités.

Lorsque, au contraire, une œuvre s’imprègne d’histoires intimes traduites à travers des formes, des couleurs ou des compositions, elle devient un espace de partage. Vue par des spectateurs multiples, elle participe à l’écriture d’une mémoire collective dont l’œuvre est le centre unique et multiples à la fois.

Ainsi, elle contribue,grâce à cet échange non commercial, à construire une humanité universelle, sans frontières ni couleurs.

© Photo Une oeuvre de Pascal Nampémanla

 

 

 

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Auteur et Critique d'Art, Umar Sall est une figure connue du milieu culturel dakarois. Il s'intéresse à la richesse des langues traditionnelles. D'origine Pular, qu'il parle couramment, il a aussi une maitrise bluffante du walaf (À l'ecrit comme à l'orale). Umar Sall a une parfaite connaissance du fait culturel. Dés lors, ses analyses et ses reflexions sont pour le moins attendues. Retrouvez- les sur Kirinapost. À lire : Les Coquillages de la mort" Editions Broché – 2014

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