Le débat politique ou citoyen serait-il au pays réputé du dialogue sujette à « discorde idéologique », si tant est qu’il se prête à un exercice argumenté ?
Il peut sembler que la dispute distraie, voire épuise le débat. Le souci du succès interactionnel des énonciations prime celui de leurs conditions de satisfaction à l’égard des actions ou états de choses du monde public. Le référentiel impliquant les débatteurs semble disparaître, à mesure qu’on s’occupe de la manière dont ils thématisent leurs stratégies comme des agressions personnelles alimentant la « polémique politicienne ».
Question intempestive en regard des clichés entretenus sur la communication politique et le débat public en proie à la spectacularisation, réduction de l’adversité partisane aux rivalités des vedettes médiatiques. Il est clair que certains espaces médiatiques privés, en l’occurrence la TFM et la Sen TV ont transformé le débat politique à une dispute des personnalités publiques : « combat des chefs » qu’il faut paraître emporter aux yeux des spectateurs.
Dans cette visée de querelle éristique au sein d’un tournoi, les actes de discours servent avant tout à menacer ou à défendre les faces des rivaux, leur image rhétorique ou éthos : crédit, sincérité, capacité.
C’est déplorable de voir à quel point nos plateaux télé sont infestés de funestes personnages qui par leur comportement de chiffonniers n’honorent point le métier de chroniqueur ou d’animateur de débats. Le journalisme à sensation prend de plus en plus le pas sur la fonction objective de métier… Le sensationnalisme est plus dommageable quand il amène à occulter des parties d’infos, quand il amène à faire réagir les gens d’une manière simpliste.
Le problème se situe dans les cas où finalement il n’y a rien après l’émotion, où l’on en reste à un stade d’émotion brutale, d’offense, de colère, d’indignation, et qu’il n’y a pas de traitement de fond par ailleurs. Les paradigmes dominants de nos espaces médiatiques privés relaient ce lieu commun en forme d’alternative. Les approches cliniques entérinent la liquidation par le bas, réduisant le débat politique et citoyen aux enjeux d’images imposés par ses déterminants d’intérêts oligarchiques et médiatiques.
Il y a de quoi être dépité et déçu de ce triste spectacle, à l’image de ces querelles de chiffonniers sortis des caniveaux de la République, qui n’intéressent que les concernés.
On a la sensation qu’on est en plein combat fratricide et non dans un débat sérieux autour des questions essentielles, autour des défis de l’heure.
Il n’est pas question de laisser ces fossoyeurs de la vitalité démocratique enterrer les débats, ces esprits convenus sans foi ni loi, qui accaparent micros et tribunes pour mieux éteindre le débat! À croire que certains esprits autoproclamés éclairés ont perdu la raison, la haine fuse de tous les débats au moment où nos tribuns doivent se «challenger» sur le Noble projet de la consolidation de la « Nation Sénégal » tout en restant dans le politiquement correct. Ramadan oblige!
Au fond, ces «politiciens» qui peuvent avoir de nombreux points de convergence, et aussi des différences d’approche, et de désaccords parfois, doivent faire l’effort patriotique de comprendre que les différences de vues, n’ont jamais empêché un débat d’idées, un débat responsable, lucide et policé à la hauteur des grands défis qui attendent le pays devenu Etat pétrolier et gazier, donc objet de toutes les convoitises et qui œuvre à retrouver les leviers de sa souveraineté.
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