Aminata Dramane Traoré est une essayiste et femme politique d’origine malienne. Initiatrice du Forum pour un autre Mali, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dont » Le viol de l’imaginaire » en 2004 ( Hachette Littératures) » L’Afrique humiliée » en 2008 (Fayard), ou encore » La Gloire des imposteurs » en 2014 (Phillipe Rey) co-écrit avec le penseur sénégalais Boubacar Boris Diop. Invitée sur la chaine RT France dans l’émission de Frederic Tadeï, Interdit d’Interdire, la militante et ancienne ministre de la culture de son pays n’a pas failli à sa réputation: Femme de caractère, femme de défi. Une représentante de cette Afrique fière et résolument tournée, en ce 25 mai, fête de la création de l’OUA à la recherche de son autonomie de penser. Cinq pensées à retenir pour l’Afrique post Covid.
« Il ne faut pas saucissonner les problématiques. Il s’agit de procéder par une approche globale et systémique qui consiste à dire, qu’il y a une lame de fond, un modèle de développement dépendant, extraverti qui ne profite pas aux africains et qui a créé chômage et pauvreté de masse, migration forcée et conflits autour des ressources naturelles dont le jihadisme se nourrit. Ce jihadisme est une sorte de désespoir car ces jeunes qui sont recrutés n’ont même pas d’interlocuteurs lorsqu’ils demandent pourquoi nous ne nous en sortons pas. Le problème du Mali est sahélien, il est africain. »
« Personne n’ose poser la question de la croissance démographique en Inde ou en Chine. Elle est une question strictement africaine. »
« C’est de l’arrogance que de penser que si l’Afrique fait beaucoup d’enfants, ces derniers vont envahir l’Europe. Personne ne demande à partir au fond. L’immense partie qui est aux Etats-Unis ou en Europe, qui rase les murs, n’a pas vraiment demandé à partir. On ne nous a jamais laissé penser l’Afrique. C’est cette marge de manœuvre qui nous a fait défaut. »
« L’urgence pour l’Afrique est de déconfiner les intelligences. Travailler sur un droit à l’autonomie de penser. Il est urgent que les africains comprennent les enjeux du moment. Ce que nous devons faire pour nous-mêmes et ce que nous devons faire avec les autres dans une coopération bâtie sur le respect. »
« Le face à face gouvernants africains-partenaires au développement est de plus en plus insupportable. Les sociétés civiles ont fait des propositions mais sitôt, nos Chef d’Etats ont été convoqués à Pau (France) pour leur demander s’ils étaient d’accord avec les opinions africaines actuelles. »
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