À Mody Niang, l’intellectuel engagé se bat pour un idéal

Un intellectuel engagé ne prend jamais de retraite. Un universitaire, un enseignant, oui. Un intellectuel engagé ne dit pas qu’il ne peut pas changer les populations – qui ne lui ont d’ailleurs pas octroyé le mandat de parler en leur nom -, il remet en cause sa stratégie et questionne les moyens qu’il emploie.Le combat de l’intellectuel engagé n’est pas une faveur faite aux populations. Il se bat pour un idéal.

Par delà le présent, l’intellectuel engagé parle aux générations futures, à un public qui n’est pas encore constitué. Son investissement est de longue durée. Il plante des graines. « L’enjeu important, écrit Cheikh Anta Diop, c’était la prise de conscience de l’ensemble des générations africaines à venir ».

Un intellectuel engagé ne cède à aucune pression, de quelque nature qu’elle soit, même de sa famille. Les grandes figures qui ont changé le cours de l’Histoire l’ont fait la plupart du temps contre l’avis de leurs familles. L’allégorie de la mise à distance est clairement signifiée. Ainsi Jésus Christ : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple ».

Ainsi Abraham, prêt à placer son fils sur l’autel du sacrifice. Ainsi Cheikh Ahmadou Bamba : « J’ai sacrifié mon sang, ma famille et mes enfants, au nom de mon idéal : le Prophète ».  Ainsi Che Guevara, abandonnant les membres de sa famille et les invitant à ressentir n’importe quelle injustice commise dans le monde au plus profond de leur cœur.  Ainsi Patrick Lumumba : « Ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo », écrivait-il dans sa dernière lettre à sa femme.

Quand on se bat pour un idéal de justice, ce n’est jamais vain. Toutes ces illustres figures mortes sur le chemin de la lutte pour une vraie souveraineté en Afrique continuent d’inspirer. Les semis de la lutte de Che Guevara ont produit la floraison d’où est sorti Evo Morales.

Un intellectuel engagé qui se bat pour un idéal ne cède pas à l’épuisement. De cet idéal, il tire son énergie. Son combat est un dévouement. Mieux : un sacerdoce.

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Khadim Ndiaye est philosophe, historien et éditeur sénégalais. Membre du Collectif contre la célébration de Faidherbe, il travaille beaucoup sur les questions de mémoires et celles qui touchent au fait coloniale. Grand militant des langues nationales, Khadim est auteur de: "Le français, la francophonie et nous". Les analyses de ce disciple de Cheikh Anta Diop, élève de Boris Diop et de Souleymane Bachir Diagne sont sur Kirinapost.

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