À l’homme du 15 juillet

Qui pour se rappeler au soir d’un 24 mars, la rue en apothéose, la rue en or pour célébrer son messie et le porter d’un souffle aux nues…?Qui encore pour attiser le souffle de la forge qui, d’une brise légère et douce, porta son héros tel le papillon au-delà de ce que ses propres ailes eussent jamais pu l’emmener ?

Il a suffi de sa parole ! D’un seul mot, d’une seule consigne qui résonne, comme on sème une graine…Ah, les beaux fruits que cela a donné ! On peut être souvent en désaccord avec ses postures politiques (c’est  le cas de la marée des neutriotes, et de toute cette nouvelle opposition en perte de repères), on peut être frustré par son analyse tranchante de l’écosystème, on peut être énervé par sa rigidité du ton, mais il faut se faire à l’idée qu’Ousmane Sonko a apporté quelque chose de fondamentalement positif dans le paysage morne de l’engagement politique et militant au Sénégal. Quoi exactement ? Un esprit réactif, offensif, malin, un coup de fraîcheur et beaucoup d’élan. Le patriotisme 2.0 ? D’autres en ont parlé (et parlé et parlé…) ; Lui,  il l’a fait. Le défi est lancé : que le meilleur devienne hégémonique !

Pour célébrer un héros, il est utile de faire sa genèse. Voilà un homme que l’adversité n’a point épargné, encore moins les bonnes vieilles haines, jamais déçues, soigneusement entretenues comme la flamme du souvenir, et qui se sont révélées être des accoucheuses de l’histoire. Sans Macky qui avait élevé la détestation au rang des beaux-arts, Sonko aurait connu un parcours presque lisse, ponctué des accidents ordinaires de la vie politique.

Par sa hargne jouissive à assouvir contre lui, une vengeance obsessionnelle, physique, la Vindicte présidentielle a donné au pugnace opposant radical un lustre et une dimension dont il n’aurait jamais imaginé finalement tirer gloire.

Tout jusqu’à ses formes les plus épouvantables, a été prévu, médité, combiné, résolu, statué : tout a été l’effet de la plus profonde scélératesse, puisque tout a été préparé, amené par des hommes qui avaient seuls les fils des conspirations longtemps ourdies dans les sociétés secrètes et autres services d’inquisition, et qui ont su choisir et hâter les mouvements et engrenage propices aux complots.

Même la sulfureuse affaire du « sweet beauté » devint sur lui du pain béni

Le moment ne manqua point d’attrait et d’humour, même si en fait, l’image d’un saint dévot, « Mu Sell mi » étreignant une coquine pût paraître d’une sensualité douteuse.

Mais l’épisode fait partie de ce que notre viril nouveau prophète, explorateur des collines, des cités et un peu des âmes, devait vivre. Comme ces diverses humanités qu’il croise, qu’il aime, qu’il subit car Dieu l’attendait dans le creux du creux. Pour le relever. Pour lui redonner un nom digne d’admiration. Pour le promouvoir à la tête de tout.

On ne comprendra probablement jamais rien au politique si on se sent incapable d’admirer les grands hommes politiques. Alors quoi de plus légitime que d’évoquer la vie et le parcours d’Ousmane Sonko, ce grand chef politique qui sait transformer une somme d’individus en peuple. Quoi de plus normal de mettre en lumière un homme politique qui sait mettre un peuple en mouvement. Qui sait infléchir le cours de son destin. Qui sait passer de l’administration des choses au gouvernement des hommes. Qui sait incarner, à un

certain moment particulier de l’histoire, le destin de son peuple. Qui sait délivrer la politique du langage de la gestion pour l’exprimer plutôt dans le langage de l’histoire. C’est une grâce qui n’est pas donnée à tous ceux qui s’engagent en politique. Des grands hommes, il peut y en avoir quelques-uns par génération. Peut-être

L’exemple de Mamadou Dia dont l’esprit de patriotisme a marqué son temps

Évidemment, ils ne peuvent apparaître que lorsque l’histoire génère de grandes circonstances, lorsque les tensions fondamentales logées au cœur d’une cité ou d’une époque s’exacerbent.

Mais c’est justement parce qu’ils devinent ces tensions, s’ils les saisissent et s’en emparent pour mettre de l’avant un projet qui les transcendent et permettent à la cité de se refonder. Sans grands hommes pour porter de tels projets, il peut arriver qu’une cité finisse par se disloquer sous le poids de ces tensions. Il peut arriver qu’elle se disloque sous la pression des factions seulement attentives à leurs intérêts privés, qu’elle perde le sens du politique en inoculant à ses institutions le poison du cynisme et en invitant chacun à se replier dans une intimité qui à notre époque, laisse libre cours à la marchandisation de l’existence.

L’avis adressé au lecteur désigne, dans le prolongement des « moyens » de conserver et de transmettre à la postérité « la mémoire des hommes héroïques et illustres » employés par « l’histoire et la sociopolitique », une entreprise visant à « recouvrer » les « vies et gestes de nos hommes d’État » afin que la mémoire de chacun soit aidée et soulagée, et puisse plus facilement et fidèlement les retenir et les garder.

Alors, il est de notre devoir de ne pas cacher le modèle. Le modèle ne se cache pas. Il s’offre à nous. Continuellement. Le saisir, le retranscrire et le célébrer avec des mots est un exercice divin. Déposer les mots avec délicatesse, les

choisir précieusement, et ciseler l’ensemble harmonieusement. Le modèle est offrande. Il suffit de s’en inspirer.

Joyeux anniversaire, Koromack!

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