Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de la ville de Gaza avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami et les siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Il a reçu, pour ce journal de bord, deux récompenses au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre, dans la catégorie presse écrite et prix Ouest-France. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024. Source: Orient XXI
Lundi 16 décembre
Aujourd’hui, tous les regards se dirigent vers la Syrie, vers la chute du régime de Bachar Al-Assad et de sa Bastille, la prison de Saidnaya. Tous les médias du monde parlent de cette chute inattendue. Et ils ne parlent plus de Gaza.
On ne parle plus des massacres de Gaza, des boucheries de Gaza, on ne parle plus des israéleries qui, pourtant, ne se sont pas arrêtées. L’attitude des gouvernements occidentaux est tout aussi déplorable. Bien sûr, il y a cette théorie du complot selon laquelle il y aurait eu un deal entre la Russie et les États-Unis, pour négocier la Syrie contre l’Ukraine. Et que l’on verrait les résultats de ce deal après l’arrivée de Trump au pouvoir. Mais on constate que la Russie n’est pas intervenue pour protéger le régime, et on voit également que l’Occident estime pouvoir négocier avec ces groupes qu’il a lui-même étiquetés comme « terroristes ». Des ambassades vont rouvrir. Des envoyés spéciaux de plusieurs pays sont en route pour parler avec Ahmed Al-Charaa (nom civil d’Abou Mohamed Al-Joulani), le chef de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) au pouvoir à Damas.
Dès qu’il s’agit de la Palestine, toutes les normes changent
Hier, Al-Charaa était un « islamiste extrémiste fanatique », aujourd’hui on peut discuter avec lui, pour voir si on peut arriver à travailler avec ces nouveaux venus. Pourquoi les Occidentaux n’ont-ils pas fait la même chose en Palestine ? Chez nous, en plus, les islamistes n’ont pas pris le pouvoir par la force, ils ont été élus ! En 2006, le Hamas avait remporté les élections législatives sur tout le territoire palestinien, la bande de Gaza et la Cisjordanie. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne (AP) avait nommé le dirigeant du Hamas Ismaïl Haniyeh premier ministre. Son gouvernement avait aussitôt été boycotté par les gouvernements occidentaux, qui avaient annulé leurs aides.
Pourquoi les pays occidentaux ont-ils refusé de reconnaitre ces élections ? Pourquoi n’ont-ils pas fait à l’époque ce qu’ils sont apparemment en train de faire en Syrie : tester le Hamas, parler avec lui, comprendre ses intentions, chercher à voir s’il avait changé ? Au lieu de cela, le refus fut immédiat. Le gouvernement formé par Ismaïl Haniyeh a été immédiatement boycotté par l’AP, les pays européens et les États-Unis. Lire la Suite ICI
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