Combien de fois, les joueurs ont fait la sourde oreille? Combien de fois, les joueurs black ont essayé d’être plus grands, plus forts que les cris de singes et marques de racismes? Samuel Eto’o alors joueur de Barcelone avait déjà tiré la sonnette d’alarme en voulant sortir du terrain lorsque des cris de singes ont retenti dans le stade de Saragosse le 25 janvier 2006. Persuadés par ses coéquipiers de rester, il finira par reprendre le match. Mardi 8 décembre, sur la pelouse du Parc des Princes Pierre Achille Webo et Demba Ba n’ont pas fait la sourde oreille. Ils ont secoué le cocotier.
Le match de Ligue des champions entre le Paris Saint-Germain et l’Istanbul Basaksehir est définitivement entré dans l’histoire. En signe de protestation suite aux propos à connotation raciste prononcés par le 4e arbitre, Sebastian Coltescu, à l’encontre de l’entraîneur adjoint du club turc, Achille Webo, le match a été interrompu et Demba Ba a tenu a s’indigner devant le roumain.
Depuis longtemps, trop longtemps le racisme dans les stages choquent et interpellent sans que de véritables mesures ne soient prises pour y mettre un terme. Quand le football anglais a voulu mettre fin aux hoolyganisme, il y a mis le prix. Eh bien mettre fin au racisme dans les stades de foot passera par le même chemin.
Pape Diouf ancien président de l’OM, l’avait théorisé. Pour lui, la responsabilité revient aux acteurs africains ou afro descendants. Il appartient aux footballeurs noirs de prendre à bras le corps le problème.
» Aujourd’hui, parmi les stars du football figurent beaucoup d’africains et beaucoup de joueurs noirs. S’ils sortent systématiquement du terrain à chaque ils sont confrontés aux cris de singes, les instances du football agiront vite pour mettre fin à ce fléau » avait dit le défunt ancien dirigeant olympien.
Vikash Dhorasoo l’ancien international français a réagi avec enthousiasme à l’attitude de Ba et des joueurs des deux équipes présentes sur le terrain.
« Je trouve ça quand même fabuleux. Les joueurs noirs présents sur le terrain se sont défendus. Cette fois, ils n’ont pas lâché. Ils ont embarqué leurs coéquipiers, sont sortis du terrain et ne sont pas revenus.
C’est important, ça veut dire aussi qu’ils ont attaqué l’instance, l’UEFA directement, là où c’est le plus dangereux pour elle, c’est-à-dire les finances. Il n’y a pas de match, il n’y a pas de diffusion, il n’y a pas de droits TV, pas de publicités » a souligné le vice champion du monde 2006.
Selon Dhorasso, il faut maintenant, faire péter le système, car c’est le système qui est raciste. Il s’agit d’aller plus loin et plus en profondeur pour changer les choses.
« Ce ne sont pas deux, trois personnes dans un stade. Il faut plutôt regarder du côté de la tribune présidentielle, de comment est organisé le foot, comment est organisée la société finalement. Il y a un racisme systémique.
Si on reprend, récemment, le licenciement de Patrick Vieira, c’était le seul entraîneur noir de la Ligue 1 alors que sur le terrain de foot il y a, je crois, au moins 50% des joueurs qui sont issus de l’immigration. Il y a un vrai problème. »
En attendant, Demba Ba a fait faire au monde du football un pas de géant. Il faut savoir en profiter et battre le fer tant qu’il est encore chaud. Son propos face à l’arbitre roumain devrait le point de départ d’un changement radical. Son intervention n’étonne pas Alain Michel, son ancien entraîneur du FC Rouen, où il a commencé sa carrière. Interrogé par FranceInfos, le technicien a rappelé que Demba a eu ce sens de l’engagement très jeune.
« Ça ne m’a pas surpris parce qu’il a toujours eu un certain sens de l’injustice, il était très rassembleur dans une équipe. Il était déjà engagé, convaincu, généreux ». Son engagement contre le racisme ne date pas d’hier : il y a deux ans, il a lui-même été victime d’insultes racistes sur le terrain lorsqu’il jouait à Shanghai. « En tant que sportifs, nous avons un pouvoir que nous ne connaissons même pas. Si on se rassemble et on parle, les choses changent », a-t-il twitté en août dernier. «
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