Il y’a deux jours, un instrumentiste m’a proposé d’acheter sa….guitare et son ampli ! Parce qu’acculé par son logeur ! Le genre d’information qui te rend triste toute une journée ! jusqu’à ce que tu te rendes compte que le mal est profond parce que la pratique se généralise. Ce qui fait le plus mal ? Le caractère stigmatisant de l’arrêté du gouverneur. Qu’est-ce qui rend la concertation impossible ?
Dans l’art, on n’existe que par l’activité. « Ailleurs aussi » rétorqueront certains. Je préfère parler du secteur que je connais un peu. Et depuis quatre mois, beaucoup d’artistes, ceux du spectacle principalement, sont en « arrêt d’activités ». Il n’y a plus de « représentations au public ». Donc aucune commercialisation. Donc aucun revenu.
« et leurs économies ? » se demandent certains. « eh bin » très peu d’acteurs de cette économie créent de la richesse du fait d’un écosystème hostile.
Au stade actuel, ce qui est considéré comme « industrie culturelle » au Sénégal n’est pas (et ne peut pas être) dans la génération de profits. Les marges qui sont, pour le moment, dégagées servent encore à financer la prochaine activité. Les activités ponctuelles (festivals, concours, production de compilations, distinctions, etc.) sont encore très utiles parce qu’étant les seules qui assurent une constance de la vitalité de l’activité culturelle dans le pays.
L’idéal, c’est donc, parallèlement aux réformes structurelles (qui prendront beaucoup de temps), d’accompagner les petites entreprises et associations actives aux différents niveaux de la chaîne d’approvisionnement. Il faut, pour au moins encore une décennie, une financiarisation non rentable afin de disposer d’une architecture solide et semi-autonome vis-à-vis des pouvoirs publics.
En attendant,
les guitaristes ne « guittent » plus,
les koristes ne pincent plus
les balafonistes ne battent plus
et
les pianistes se tournent les… pouces.
Ismaila LO avait bien chanté « kuy woddoo làmiñ, bu noppee rafle ».
Président, donnez le « LA » waay !
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