Dispute pour un statut étrange : Chef d’opposition

Au Sénégal on se dispute pour un statut étrange : Chef d’opposition. Dans certains pays de grandes démocraties occidentales et surtout pays développés la pertinence de ce statut peut se justifier. Pas au Sénégal ou le statut d’opposant ou transhumant font si bon ménage. Et puis dans ce Sénégal confronté au chômage des jeunes, aux inondations ou encore à l’émigration clandestine, les priorités sont ailleurs.

Le mot opposition est inapproprié à la conceptualisation. des statuts politiques. Nous n’avons jamais vu un homme politique qui est resté opposant du président Senghor, du président Diouf, du président Wade et du président Sall. C’est de la folie d’être si prétentieux.

On ne peut pas institutionaliser ce statut puisqu’il est fuyant, opportuniste car orienté suivant des contextes politiques bien précis. C’est le risque de faire de l’analogie, de consommer surtout pour des intellectuels du prêt à penser comme on ferait dans l’habillement pour la friperie (feug diay).

Si Monsieur Idrissa Seck l’actuel désigné comme chef de l’opposition venait a remporter des élections présidentielles dans l’avenir ou à se rapprocher de la majorité présidentielle ce statut de chef d’opposition devient automatiquement caduc voire inapproprié.

Ousmane Sonko a dit dans un communiqué ce mardi exclure l’idée de devenir le « chef de l’opposition » mais les autres hommes politiques peuvent être aussi intéressés par ce statut politique. Peut être à la différence de l’ancien président Abdoulaye Wade qui ne va plus être candidat à des élections dans ce pays et qui peut s’inscrire indéfiniment dans ce statut. À moins qu’il rejoigne un jour la majorité présidentielle. Comme quoi en politique tout est possible.

Ce qu’il faut retenir et dire à la suite de ce que j’ai précité c’est de l’urgence de répandre la culture de l’opposition en politique afin de valider quand les politiques aux affaires font de bonnes choses et de sanctionner sans détour quand les politiques sont mauvaises. Cette posture vaut mieux le fait de s’inscrire dans des statuts de chef d’opposition, de révolutionnaires que l’on change rapidement lorsque des intérêts se présentent.

On en déduit que le débat actuel est un débat de régime qui se reproduit à chaque temps de mandat d’un régime politique. Donc institutionaliser un statut sur la question ne parait pas bien sérieux mais beaucoup plus opportunistes. La politique par conséquent c’est l’organisation des opportunités de conquête du pouvoir et de déstabilisation de l’adversité.

©Jeune-Afrique

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Pascal Oudiane est un sociologue spécialiste du développement. Ses travaux portent essentiellement sur l’analyse du fait économique en Afrique. Il est l'auteur de l'ouvrage: "Comprendre les investissements au Sénégal (Harmattan) dans lequel il interroge le rapport à l'investissement des Sénégalais. Comment le sénégalais utilise son argent ? Quelles sont ses motivations d'achats ? Quels impacts ont ses choix dans le développement du pays. Autant de questions auxquelles l'auteur analyse. Dans la continuité de ses travaux Dr Oudiane chronique sur kirinapost et apporte ses éclairages sur l'actualité.

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