À l’heure de la mondialisation à sens unique et de la libéralisation sauvage de l’économie ; où l’Afrique fait face à un besoin toujours grandissant et pressant d’intégrer ses peuples à tous les niveaux ; politique, économique, social, culturel. Que comptent et que doivent faire les africains de leurs langues ?
Les colons n’étaient pas tous hostiles à l’usage des langues africaines
Ils y en ont même qui ont encouragé leur introduction dans le système éducatif colonial. Même si malgré leur différente et parfois divergente raison ils étaient unanimes à ne leurs reconnaître aucune aptitude hautement intellectuelle et scientifique.
Écoutons ce qu’en disait par exemple Maurice Delafosse :
De quoi s’agit –il ? De faire pénétrer dans de jeunes esprits des idées nouvelles mais simples, ou plus exactement de les apprendre à enchaîner des idées qu’ils possèdent déjà. Pour cela la meilleure langue vernaculaire sera non le Français langue étrangère, mais l’idiome qui est le plus familier des élèves- celui dans lequel ils sont habitués à parler depuis le jour où ils ont su parler celui que des siècles d’atavisme ont fait à l’image et au calibre de leur cerveau
Écoutons aussi un autre George Hardy
– Dès qu’un indigène sait lire une langue européenne, il lit tout ce qui lui tombe sous la main, journal, tract politiques et ouvrages philosophiques qu’il croit comprendre et qui dépasse de loin sa culture. Cette nourriture à laquelle il n’est pas préparé lui dérange l’esprit et la langue européenne devient un facteur de désordre.
Si l’attitude des colons blancs à l’égard des Africains et de leurs langues peut être considérée comme raciste et condescendante ; quelle étiquette coller à ces grands leaders africains qui ont toujours prôné leur fierté d’être noir et qui se sont même farouchement opposés à l’occupation coloniale mais qui avaient une attitude discrétionnaire à l’égard des langues de leur terroir, du moins en ce qui concerne l’enseignement religieux.
Et l’église catholique à qui on doit le premier ouvrage en langue africaine (wolof) en caractère latin, quelles ont étés ses réelles motivation.
- Y’avait – il un intérêt linguistique ?
- Où voyait-elle tout simplement dans la langue wolof un passage obligé pour atteindre l’âme des indigènes et les sauver ainsi des géhennes de l’enfer ?
Les premières générations d’intellectuels africains formés à l’occident n’ont pas été insensibles à la question. En 1937 déjà de retour au pays pour les besoins de ses vacances, Senghor avait tenu une conférence à la chambre de commerce de Dakar dont le thème portait sur l’enseignement des/et dans les langues locales. Il dira que les populations lui ont rétorqué : « te voilà revenu nanti d’une agrégation, tu es devenu un affranchi et tu veux que nos enfants restent des indigènes »
Néanmoins la génération d’après les Abdoulaye Wade, Assane Sylla, David Diop (pour ne citer que ceux-là) se sont mis à confectionner des matériels didactiques et autres documents à partir des langues africaines, depuis la France où ils poursuivaient leurs études.
Mais le plus illustre parmi cette génération, du moins dans ce domaine est sans conteste l’éminent Pr Cheikh Anta Diop.
Si on peut alors attribuer la paternité du combat pour la promotion des langues africaines au Président Senghor c’est à lui immanquablement qu’on doit décerner le palme de l’excellence.
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