Si tout est déjà écrit, à quoi bon prier et invoquer ? Une très belle réflexion et explication de Abu Hâmid al-Ghazzali (m. 1111). « D’aucuns demanderont: ‘À quoi bon invoquer Dieu alors que le décret ne saurait être changé ? »
Je répondrai que la conjuration des malheurs par les invocations est elle-même incluse dans le décret divin. L’invocation est donc une cause seconde permettant de repousser le malheur et d’appeler sur soi la bénédiction, de même que le bouclier est une cause seconde permettant de se protéger des flèches, ou que l’eau est une cause seconde permettant de faire sortir les plantes de terre.
Et de même que le bouclier et les flèches s’opposent, ainsi les malheurs et les invocations s’affrontent-ils. Reconnaître l’existence du destin ne signifie pas que l’on ne doit pas porter d’arme pour se protéger. Le Très-Haut dit en effet: « Prenez vos précautions ! » ( Coran, 4:71).
Cela n’implique pas davantage de renoncer à arroser la terre après l’avoir semée en disant: s’il est écrit que mes plantes pousseront, elles pousseront; et s’il est écrit qu’elles ne pousseront pas, elles ne pousseront pas. Au contraire, le lien de cause à effet correspond au premier des décrets, lequel est aussi immédiat qu’un clin d’œil, ou plus encore. Et l’agencement du détail des effets relativement aux détails des causes secondes, selon une progressivité et une mesure particulière, correspond au destin.
Celui qui destine le bien le fait par le biais de causes; et Celui qui destine le mal destine aussi des causes susceptibles de le repousser. Il n’y a donc pas de contradiction entre ces faits, pour ceux dont le regard intérieur est éveillé. »
Abu Hâmid al-Ghazali, « Des litanies et des invocations » (éditions al-Bouraq)
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