Dans Tiki-tiki, il interpelle les parents par rapport à leur responsabilité vis-à-vis de leurs enfants qui finalement ne deviendront que l’éducation qu’ils auront reçu (ou pas). Ils s’insurgent contre le grand nombre d’enfants qui pullulent dans nos rues. Ce qui ne manque pas de faire résonance à une autre de ses chansons ‘’Diakhlé/inquiétude’’. « J’étais un petit enfant qui errait dans les rues de Derklé. Ça comportait de l’inquiétude », et dans le même élan, il parle de sa bande qui sont devenus ses amis de toujours et met en garde quiconque qui voudrait les séparer. Ce qui révèle un autre caractère du bonhomme.
Chanter ses amis et ses potes
Dans le landerneau musical sénégalais très largement influencé par le griotisme, l’homme est l’un des très rares à n’avoir jamais monnayé ses talents en chantant une personne pour son avoir. Il a toujours chanté ses amis ses potes, ses compagnons en temps de malheur comme de bonheur (sa femme y compris, sa femme surtout Bana Ndiaye Meïssa).
Tous ces pairs qui ont eu à reprendre une de ses chansons ou l’ont chanté lui-même, l’ont cité à travers la phrase qu’il adressa aux non-voyants : « si j’avais la chance d’avoir un cœur comme le tien, je serai aux anges »
Cet homme model de par son comportement envers ses proches et son public, et anti-star revêche de par son dégout pour tout ce qui est strass et paillette aurait pu, aurait dû être beaucoup plus connu et reconnu sur le plan international, tant il a très largement contribué à dessiner les contours de la musique sénégalaise.
Le roi de « boulevard en musique »
Ismaîla LO l’auteur du cultissime tube mondial ‘’Tadjabone’’ dira un jour qu’il n’a aucune honte de dire qu’il a beaucoup appris auprès de Omar Pene du temps où il était membre du Super Diamono. C’était au détour d’un plateau qu’il partagea avec lui lors d’un numéro de « boulevard en musique » une émission de l’inimitable Khalil Guèye. Cette émission (du début des années 90) qui est parmi les plus grandes réussites de toute l’histoire de la télévision au Sénégal, en tout cas la plus grande réussite des émissions musicales. Le passage de Omar Pene fut le plus grand succès de cette émission qui vit défiler tous les ténors de la musique sénégalaise de l’époque (qui le sont restés jusque-là du reste) ; Youssou Ndouir (deux fois), Thione Seck, Ismîla Lo, Baaba Maal, Kiné lam, etc..
Le 21 Juin 1993 la date ou pour la dernière fois toute la crème de la musique sénégalaise (résidant au pays) sans exception s’est retrouvée dans le même espace, il était revenu à Omar Pene et le super Diamono le clou de cette fête de la musique, la dernière du genre.
Il est très risqué de vouloir jouer après lui. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme ‘’le Seigneur du life’’.
Jusque-là il est le seul à avoir fait un duo paritaire avec la STAR internationale Youssou ndour. D’ailleurs cet album « ELEK SIBIR » est fait sur la base du fond musical du Super Diamono.
Pene le choriste
En tant que chanteur Omar Pene n’a pas que des talents de lead vocal, il est aussi et sans nul doute le meilleur choriste que le Sénégal ait connu jusque-là. Pour preuve, écoutez ou réécoutez le morceau « Tidjou » (https://youtu.be/-nxFD9f6LHk ) ou il assure le chœur pour Ismaila Lo du temps du super diamono, ou « Alalou adduna » de Mada Ba.
En tant que choriste, il met tout son talent au service de l’auteur, et seulement pour le bénéfice de l’auteur. Les rares fois où il a pris part dans un morceau en tant que choriste, n’eut été sa grande humilité il pourrait revendiquer le titre de coauteur, tellement il participe au succès.
L’homme n’a pas seulement marqué la musique sénégalaise de manière visible, mais aussi de manière invisible et insoupçonnée. À suivre…
©C. Moser
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