Dans une tribune adressé au ministre de la culture, le laboratoire Agit’Art sous la houlette de Abdou Bâ a rappelé le 27 juin dernier aux autorités la véritable vocation du village des arts. Un inventaire des occupants actuels révèle que plus de 60% des résidents actuels sont des « héritiers et des squatteurs révèle la tribune tout en préconisant quelques solutions idoines comme la réaffectation des espaces et leur ouverture aux plus jeunes artistes.
Revenir aux objectifs premiers du Village des Art. C’est l’invitation que le Laboratoire Agit’Arts a lancé au Ministère de la culture.
Il y a vingt ans maintenant, rappelle Abdou Ba, un collectif d’artistes plasticiens fut installé dans les ateliers en bois de l’ancien campement des ouvriers chinois à l’époque où ils bâtissaient le Stade Leopold Senghor. Prés de quatre (4) hectares, dédiés donc par la suite aux artistes. L’objectif était d’attribuer pour une durée de deux (2) ans la cinquantaine de baraquements à des artistes plasticiens de la communauté. Malheureusement soutient Abdou Bâ tous n’ont pas quitté les lieux au bout de ces deux ans.
« Depuis lors (20 ans), les mêmes attributaires y sont encore sans aucune évaluation de cette trajectoire, car hélas, entre temps certains sont décédés, pendant que d’autres, qui jugeaient au début que cette expérience pouvait avoir un impact négatif sur la création, n’ont jamais rejoint. Il faut aussi retenir que quelques uns ont effectivement quitté les lieux au bout de deux ans » explique Abdou Ba.
Le Village des Arts devait être une sorte d’incubateur. Autrement dit, accueillir des jeunes artistes, leur offrir un espace de travail et une fois leur carrière lancer, céder les locaux à une nouvelle promotion.
Pour Agit’Art, l’expérience, a atteint ses limites objectives tant sur le plan artistique tant dans la destination idéale dévolue à ce type d’espace.
« Une résidence d’artistes limitée dans le temps et l’objet du projet d’art, plutôt que des artistes résidents qui avec le temps devient une injustice flagrante » renseigne la fameuse tribune.
Dans le souci donc de répondre aux nombreuses interpellations des jeunes artistes débutants (sortis de l’école des arts ou pas, )à la recherche d’un espace d’expérimentation, le laboratoire Agit Art rappelle Abdou Ba, qui fut à l’origine (avec d’autres) du combat pour la renaissance en ces lieux, de l’ancien village des arts du camp Lat-Dior démantelé par l’Etat du Sénégal les 27 septembre 1980, ne pouvait rester sourd aux cris de coeur de la nouvelle génération.
« Le manque de générosité des ainés pousse les jeunes à errer sans fin bien qu’étant pétris de qualité. Quand l’Etat vous appuie pendant 20 ans sans payer ni loyer encore moins eau et électricité et que vous êtes devenus des artistes confirmés et reconnus dans le monde, vous devez avoir la grandeur de laisser la place aux jeunes afin qu’ils puissent eux aussi bénéficier de cette assistance » martèle le membre historique d’Agit’Art sans oublier de rappeler que « fidèle » à son caractère d’espace de « questionnement » et de « réarticulation » des positions au bénéfice de toute la communauté artistique, son organisation, « s’engage » à porter ce combat de sauvegarde de ces lieux avec tous les jeunes artistes mais surtout tous les intellectuels et amateurs d’arts, au bénéfice exclusif de l’art et de la culture de notre pays.
Laboratoire Agit’Art lancé en 1974 par notamment, le réalisateur Djibril Diop Mambéty et le sculpteur Issa Samb dit Joe Ouakam, est un lieu d’expérimentations artistiques. Engagé et au service exclusif de la communauté, il est le réceptacle des aspirations et des frémissements de tout ce qui tournent autour de l’art en général. Agit’Art a su durer dans le temps en ayant une grande capacité à intégrer de nouveaux artistes et de nouvelles idées.
Crédits: Papa Alioune Dieng
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