Jean Pierre Corréa • Esprit… Es-tu Là ? Déjà bientôt 8 ans…Le 23 JUIN 2011 avait alors marqué l’Histoire de notre Sénégal, rebattu les cartes que les hommes et femmes politiques avaient pour habitude de manipuler et de distribuer, et bouleversé les sentiments et les engagements citoyens de nos compatriotes, leur faisant brutalement prendre conscience de leur si important pouvoir. Nous avions collectivement découvert que la Démocratie était Populaire, ce qui, tout compte fait, a les allures rafraîchissantes d’un pléonasme. En ces jours de campagne et de promesses de tréteaux, les Sénégalais doivent s’emparer de la certitude que ce pays a en son tréfonds des formidables capacités d’endurance, et a encore envie d’espérer et de croire au combat du bien-être et du développement…et de la dignité.
Les « traces » du 23 juin ont été timides et souvent vaporeuses, et d’ailleurs, comme pour établir en effet miroir la première anicroche à l’esprit du 23 juin, nous avons eu droit cette année, en guise de commémoration, à la libération de Karim Wade. En effet, avoir libéré Karim Wade, qui avait été au cœur du « Jengu » populaire un 23 juin, en disait déjà long sur la relative conscience qu’avait encore la coalition au pouvoir de ce qui avait alors tant contribué à sa victoire de 2012. Alors, que nous reste-t-il de « l’Esprit du 23 Juin » ? Cet « Esprit » s’était dissipé et avait disséminé dans chaque individu un refus de l’arrogance des hommes au pouvoir, un rejet de la partisannerie et des coteries, un dégoût pour les revirements opportunistes et les recyclages toute honte bue. Alors, le verbe, même affublé d’effets de menton, ne suffira pas. L’éloquence et le verbe hypnotisant de Wade même, se heurtent à « l’Esprit du 23 juin »… Les discours incantatoires du camp d’en face, et la Communication en 3D ne suffisent pas.
Ce que le Peuple a exigé le 23 Juin 2011 n’a pas disparu. Il SAIT ce qu’il veut, le peuple. Les « Trains futuristes », les « Projets Hollywoodiens de Diamniadio en 3D », tout ça, il connaît, il sait que c’est possible, il le voit partout dans le monde à travers les tablettes et smartphones connectés. Il n’en rêve même plus. Le Peuple, ce qu’il veut voir, c’est si ses épidermiques exigences de 2011, et qui s’appelaient rupture, dignité retrouvée, respect, humilité, compassion envers les populations, combat pour éradiquer la pauvreté, besoins d’éducation, de formation et de rêves à vivre, sont encore à l’esprit des gens qui nous gouvernent. L’Esprit est encore vivace et déterminé et il se tient encore incandescent au cœur des préoccupations des Sénégalais, qui souhaitent toujours que ces préoccupations soient aussi celles des hommes politiques que le 23 Juin avait projetés, pour ne pas dire catapultés, au sommet du pouvoir.
Alors, « Esprit, es-tu là » ? L’apathie relative du peuple est trompeuse, et il regarde le spectacle politique comme blasé, parce que n’ayant pas généré cette fameuse rupture et ce si bel espoir de « la Patrie avant le PARTI », gravement écorché par Biggy et ses hommes. Cela fait désordre sur l’Esprit du 23 Juin… Le jeu politicien qui nous est offert pourrait gratouiller l’épiderme sensible d’un peuple qui est au bout du…bout… Nous sommes au bord du gouffre… Pourvu que le « Pas en avant » promis par le Yonnu Yokkuté ne nous précipite pas au fond du gouffre.
Crédits: Dakar-Echo
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