Ousmane Sonko parmi les 20 personniltés les plus influentes au monde. C’est l’ouvrage « Les Maîtres du Monde » qui consacre ainsi l’actuel premier ministre sénégalais. Coordonné par Pascal Boniface fondateur et directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), «Les Maîtres du Monde» décrypte la galaxie du pouvoir au xxie siècle et dresse le portrait de vingt personnalités incontournables dont les visions, les décisions, dessinent les contours du monde de demain. Pour revenir sur la parution de ce livre qui fait l’actualité, Kirinapost a posé 3 questions à… Pascal Boniface.
Pascal Boniface, un des plus éminents spécialistes de la géopolitique internationale dans le monde francophone et auteur de plus de 80 ouvrages.
Kirinapost : Vous avez coordonné «Les Maîtres du Monde», aux éditions Eyrolles, qui consacre les 20 personnalités considérées comme influentes à l’échelle internationale. Pouvez-vous revenir sur la méthode de travail ?
Pascal Boniface : L’idée était de trouver 20 personnalités qui marquent le monde par leur puissance ou leur influence. On a voulu volontairement ne pas se limiter aux chefs d’État des grandes puissances pour inclure aussi des chefs d’État de puissances moyennes qui jouent un rôle particulièrement important par rapport a la phase historique actuelle et qui ont une influence intellectuelle au-delà de leurs propres pays, mais aussi mettre en avant tous les artistes dont le message a une résonance mondiale.
Nous avons voulu jouer à la fois sur le registre du soft power et du hard power pour proposer une galerie de 20 portraits de personnalités qui, de façon incontestable, exercent une influence sur la scène mondiale.
Kirinapost : En quoi l’actuel premier sénégalais Ousmane Sonko est-il éligible à ce classement ?
Pascal Boniface : Le cas d’Ousmane Sonko est particulièrement intéressant parce qu’il tient un discours d’indépendance nationale réelle et qui n’est pas le masque d’un coup d’État militaire, comme cela a pu être le cas dans certains États d’Afrique de l’Ouest. Sa popularité est avérée au sein de la population sénégalaise, et au-delà, il marque une nouvelle voix pour redéfinir les relations du Sénégal avec la France qui sort à la fois des relations de clientélisme traditionnelles, mais également des affrontements stériles. Il peut réellement être un « game changer ». Son discours sur la souveraineté correspond à la fois à ses convictions profondes, mais aussi aux aspirations de sa population, notamment de la jeunesse. Il ne reflète pas, comme dans d’autres cas, la soif d’un pouvoir personnel ou ne constitue pas une façon facile de détourner l’attention sur les problèmes réels que peut rencontrer un pays.
Kirinapost : Le monde connaît des bouleversements. Le dynamisme économiques des BRICS d’une part, le déclin de l’Occident d’autre part Comment vous voyez l’avenir, entre le Sud global et l’Occident collectif ?
Pascal Boniface : Cela fait déjà assez longtemps, bien une quinzaine d’années, que je dis que le monde occidental a perdu le monopole de la puissance qu’il a exercé pendant cinq siècles, qu’il faut en tenir compte et ne plus passer par les modes d’action traditionnels. Ce discours se heurte à des résistances en France où de nombreux experts en géopolitique, qui ont une vision occidentale traditionnelle des relations internationales, nient l’existence d’un « Sud » et l’affirmation de sa puissance. Ils prennent pour argument que le « Sud global » n’est pas un ensemble uniforme pour nier le fait qu’il puisse jouer un rôle sur la scène mondiale. Bien sûr, ce « Sud global » est empreint de différences géopolitiques, politiques, économiques et culturelles importantes, mais leur lien commun reste le refus d’un agenda uniquement déterminé par la puissance occidentale. Il leur faut reconnaître cet état de fait, sauf accélérer leur déclin relatif.
Une bonne idée de cadeau de fin d’année…
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