El-Fasher, Soudan. La catastrophe annoncée a bien eu lieu

Le 26 octobre 2025, la ville d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord (Soudan), est tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) après un siège total de 18 mois. Dans les heures qui ont suivi la chute de la ville, des milliers de civils ont été exécutés. Trois semaines après les massacres, l’heure semble plus à la poursuite de la guerre qu’aux négociations. Source: Orient XXI 

El-Fasher, Soudan. La catastrophe annoncée a bien eu lieu, Information Afrique Kirinapost

21 juillet 2023. Entrée est d’El Fasher. La photo montre les derniers convois alimentaires qui sont entrés dans la ville, escortés par des combattants des mouvements armés (la Force conjointe du Darfour, alliée de l’armée soudanaise).
© Toutes les photos sont de
Mohamed Zakaria

Abdelwahab* (son prénom a été modifié) est un miraculé. Dimanche 26 octobre, alors que les soldats des Forces de soutien rapide (FSR) envahissent le cœur d’El-Fasher, il parvient à s’extirper du carnage, une première fois. « On est partis la peur et la faim au ventre. Partout, des corps jonchaient les rues », se souvient cet habitant de 57 ans. Des colonnes interminables de civils fuient alors la capitale du Nord du Darfour tombée aux mains des troupes du général Mohammed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti », qui s’adonnent à des tueries de masse parmi les 260 000 civils assiégés depuis plus de 18 mois.

Aux abords de la ville, Abdelwahab est arrêté à un check-point tenu par les paramilitaires. Les hommes sont séparés des femmes. Sous la menace des fusils, ils sont dépouillés et regroupés dans la poussière. Soudain, les balles crépitent. Sur la centaine d’hommes, aucun ne se relève. « J’aurais dû être le centième. Par la grâce de Dieu, j’ai survécu », raconte-t-il, rescapé une seconde fois. Blessé à la jambe, il lui faudra plusieurs jours de marche, pieds nus, pour rejoindre la localité de Tawila, aux pieds des montagnes du Jebel Marra.

Sur les plus de 70 000 personnes qui ont fui les massacres à El-Fasher, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), moins de 10 000 sont parvenues à atteindre cette zone sous le contrôle du Mouvement de libération du Soudan, l’un des seuls groupes armés officiellement neutre dans le conflit qui ravage le pays depuis avril 2023. Près de 15 000 civils ont réussi à fuir vers le Nord du Soudan et quelques milliers d’autres ont trouvé refuge à l’Est du Darfour.

« Où sont passés tous les autres ? », s’interroge Iqbal* (son prénom a été modifié), horrifiée. Cette mère tout juste arrivée à Tawila a perdu la trace de ses sept enfants. Lorsque les FSR ont lancé leur ultime assaut, elle veillait sur l’un de ses fils à l’hôpital saoudien d’El-Fasher, où 460 patients ont été abattus deux jours plus tard par les paramilitaires selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). Parvenue à s’enfuir de justesse, elle finit par cacher son fils blessé au milieu d’un bosquet d’arbustes pour qu’il échappe aux griffes des soldats. Arrêtée, elle est détenue pendant trois jours, avant d’être relâchée et de rejoindre Tawila, seule.

Dix-huit mois de siège

« Où sont nos hommes ? Je n’ai retrouvé personne. Que Dieu les protège », se lamente Iqbal. Sur les témoignages vidéo transmis à Orient XXI, les survivants d’El-Fasher s’expriment à voix basse sous des draps tendus sur des bouts de bois comme seul abri de fortune. Ils sont frêles et épuisés, cherchent leurs mots et parviennent difficilement à articuler. Hormis le traumatisme de la fuite et des massacres, c’est la faim qui les tourmente. Car depuis plus de 18 mois, El-Fasher était devenue un mouroir à ciel ouvert. Lire la Suite ICI

 

 

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