Tiambel Guimbayara est une des grandes figures du journalisme malien.
Directeur de Publication de la Voix du Mali, il a été une des voix de la radio à Bamako au début des années 2000 sur les ondes des stations Kayira et DjekafoIl. Son engagement pour la démocratie, son combat pour la transparence et la liberté d’expression, font de lui un observateur averti de la situation au Mali et au Sahel. Tiambel Guimbayara est installé en France depuis plusieurs années pays dans lequel ses analyses politiques sur le Sahel sont sollicitées par des chaînes comme France 24, RFI, Télé Sud…Tiambel Guimbayara a bien voulu répondre aux questions de kirinapost sur la situation dans son pays.
Kirinapost : Les médias occidentaux annoncent que les jihadistes sont à la porte de Bamako et que la ville pourrait tomber. Qu’en est-il exactement ?
Tiambel Guimbayara: Bamako n’est pas encerclé. La capitale malienne vient d’abriter avec succès le salon International de la Défense BAMEX. Un salon inédit qui se veut une vitrine du savoir-faire technologique des peuples libres du monde. Une ville qui est « sur le point de tomber » accueille t-elle un événement de cette ampleur ?Malheureusement, il y a une cabale médiatique qui est enclenchée depuis l’Europe par des médias occidentaux. Ils sont visiblement engagés dans une campagne de déstabilisation des états du Sahel. On ne pardonne pas au Mali d’avoir boûté de son territoire les différentes opérations qui sont succédées, Serval notamment. On ne pardonne pas au Mali d’avoir repris son destin en main et de reconquérir, non sans difficulté, la totalité du territoire malgré quelques poches jihadistes subsistantes. Tout ceci fait que les autorités de la transition malienne sont à combattre. Car malgré, les sanctions de la CEDEAO et de la Francophonie, le Mali est débout. Le deux poids deux mesures est palpable. On condamne les régimes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso et on reconnaît ailleurs les coup d’États quand ça les arrangent. Les médias occidentaux sont dans un plan de sabotage de sabordage. Le Mali aujourd’hui concentre toute la haine de la blessure occidentale. L’Europe voudrait que ce soit son avis et ce qu’il souhaite pour le pays qui prévaut et non la réalité malienne. Seulement, ce qu’ils ne savent pas, c’est que par leurs actes, par leurs actions et par le plan de communication diabolique, ils sont en train de souder les 22 millions de Maliens et tous le peuple des états du Sahel. Nous restons résolument engagés contre la conspiration médiatique pour faire face à l’ennemi qu’il soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Quelque que soit les stratégies déployées par l’ennemi le peuple fera face et l’ennemi va tomber sans nul doute. Le Mali est solide et il vivra en paix et libre.
Kirinapost : Dans quel état se trouve l’opinion malienne ?
Tiambel Guimbayara: L’opinion publique malienne est plus que jamais ressoudée et plus que jamais engagée dans la voie de la dignité et de l’honneur. Elle est assez vigilante et construit sa vigilance autour des épisodes qui se sont déroulés ces dernières années. L’opinion constate que la guerre asymétrique imposée à ses populations depuis 2012, n’a pas pu être résolu ni par Serval (bien que celle-ci avait plus ou moins de la réussite) ni par l’opération Barkane, ni Takuba, ni la MINUSMA. En revanche, elle constate que les nouvelles autorités grâce à la diversification des partenaires stratégiques: Russie,Turquie, mais aussi Chine, le Mali arrive aujourd’hui à recouvrer l’intégrité territoriale. C’est un marqueur très fort dans l’opinion. Pour les populations, que l’armée les FAMA puissent revenir remettre les pieds à Kidal, reprendre la ville y installer une base digne de ce nom, cela booste l’optimisme. Réoccuper Gaou, revenir à Tombouctou la sainte cité du Mali, encore plus !
L’opinion voit bien que 9 ans de présence internationale, n’avait pas permis de faire des avancées significatives. Elle sait que les FAMA ont inversé la tendance. Elle a conscience des enjeux. 50 % de la population est jeune et elle vit dans la résilience et la dignité les difficultés économiques qui sont mondiales. En zone agricole, les paysans subissent l’avancée du désert. Il existe encore des poches jihadistes qui procèdent à des actes de sabotage sur l’approvisionnement en carburant par exemple. Le Mali n’a pas d’accès à la mer et doit compter principalement sur 3 grands ports (Abidjan 2000 km de Dakar 1000 km et accessoirement Conackry). Les autorités ont pris des mesures pour créer des cellules de crise dans toutes les villes et l’armée a été chargée de convoyer des citernes. Ces cellules de crise ont géré de façon méthodique et minutieuse la situation et même l’école fermée pendant 2 semaines est ouverte aujourd’hui.
Kirinapost : Plus de 2 ans après la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Liptako-Gourma, région symbolique puisque frontalière aux trois pays Mali, Burkina Faso et Niger, comment vit l’Alliance ?
Tiambel Guimbayara: Depuis la création de l’AES sur ce site des trois frontières et la charte de l’iptako-Gourma qui est une zone naturelle qui a été occupée par les Jihadistes du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), les populations voient l’avenir de façon plus sereine. Au-delà du partage des renseignements, une force conjointe de plus de 3000 hommes est en train d’être montée avec un état-major au niveau de de Niamey. Cette force travaille exclusivement à combattre le terrorisme. Les 3 armées se battent pour desserrer l’étau. Leur souci est de faire recouvrir l’intégrité territoriale puis surtout sécuriser les populations. L’armée de l’AES est montée en puissance et met en déroute les terroristes. Le chemin est encore long mais cette force qui se bat pour libérer ces trois pays du terrorisme et du banditisme est héroïque. En ce qui concerne l’aspect économique, il va certainement bientôt occupé l’actualité avec des négociations entre l’AES et la CEDEAO qui a compris la nécessité de la continuité de la libre circulation des biens et des personnes de communautés géographiquement et historiquement liées. Il est important qu’elles puissent travailler ensemble dans une cohabitation pacifique. Toujours dans le volet économique, l’ouverture de mines de lithium au Mali, le Niger qui exploite son pétrole, les infrastructures qui se développent au Burkina Faso, tout ça mis bout à bout donne une force économique à ces trois pays.
Ensemble, ils comptent tirer profit de leur sous-sol en mutualisant leurs forces et favoriser un partenariat gagnant-gagnant. Doucement mais résolument, L’AES organise sa vie communautaire. C’est un espace d’avenir et d’espoir.





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