Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, il a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l’armée israélienne. Réfugiée depuis à Rafah, la famille a dû ensuite se déplacer vers Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Un mois et demi après l’annonce du cessez-le-feu, Rami est enfin de retour chez lui avec sa femme, Walid et le nouveau-né Ramzi. Pour ce journal de bord, Rami a reçu le prix de la presse écrite et le prix Ouest-France au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Jeudi 3 juillet,
Le 2 juillet, la coalition actuellement au pouvoir en Israël a refusé une proposition de loi désignant la bande de Gaza comme « zone hostile pour le commerce ». Alors que cette même coalition ne cesse de dire que Gaza est une zone hostile, dangereuse, qu’il ne faut pas arrêter la guerre, qu’il faut tout détruire, éradiquer le Hamas, et finalement expulser toute la population de Gaza. Mais quand il s’agit de business, c’est différent. C’est une parfaite illustration de l’esprit colonial, mais l’occupation israélienne a quelque chose de particulier.
C’est la seule occupation au monde qui gagne de l’argent. Cela ne date pas d’hier. Les pêcheurs de Gaza, par exemple, ont droit à seulement à s’éloigner des côtes de trois milles marins (5,5 kilomètres), dans le meilleur des cas de six milles (un peu plus de 11 kilomètres). Par contre, les pécheurs israéliens peuvent venir à 21 milles marins (un peu plus de 38 kilomètres) de la côte de Gaza pour avoir les meilleurs poissons et pour les vendre à de meilleurs prix.
De l’argent pour chaque maison détruite
Tout ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie, c’est du business. Le quotidien israélien Haaretz a révélé récemment que des entreprises du secteur privé israélien étaient missionnées par l’armée pour détruire des maisons à l’explosif et au bulldozer, et touchent 5 000 shekels (environ 1 300 euros) pour chaque maison rasée.
Et c’est pour cela qu’on a vu la destruction totale de plusieurs zones : la zone du nord, la zone de Rafah, la zone de l’est. Plus on détruit, plus on gagne de l’argent. Ensuite, ces entreprises tirent profit de l’évacuation des gravats et de leur recyclage en Israël. À certains endroits, le terrain est ainsi complètement aplati pour la suite des opérations. Comme à Tel El-Sultan, près de Rafah, où a été installé, sur un terrain aplati où se trouvait auparavant des maisons, l’un de ces centres de « distribution d’aide humanitaire » où les Palestiniens se font massacrer par l’armée d’occupation.
En Cisjordanie, le business du BTP (bâtiment et travaux publics), ce sont les carrières. Elles produisent la fameuse pierre blonde, signature visuelle aujourd’hui obligatoire sur toutes les façades de Jérusalem. Autant dire qu’elle vaut de l’or. Même s’ils sont propriétaires du terrain, les Palestiniens ne peuvent pas les exploiter, car pour cela il faut une autorisation de l’État israélien, qui leur est toujours refusée. Les carrières sont ensuite confisquées par les colonies, et exploitées par des compagnies privées, parfois internationales. C’est la méthode employée à Jérusalem et à d’autres endroits, pour démolir ou annexer des maisons palestiniennes « construites sans permis ». Lire La Suite ICI
Laisser un commentaire