Devrait-on acheter des véhicules pour nos 165 députés ? L‘acquisition programmée de véhicules pour les députés de la 15e législature fait débat. Pour le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye cette décision dans un souci de rationaliser les dépenses, a pour objectif de mettre un terme aux pratiques opaques. D’un autre côté, certains estiment l’indemnité-voiture de 900 000 FCFA que touche actuellement le député est largement suffisante et que cette mesure ne rime pas avec rupture. Que faire ?
Le débat sur l’affectation ou non de véhicules aux députés soulève des enjeux multiples, entre la nécessité de rationaliser les dépenses publiques et la responsabilité de garantir aux élus les conditions adéquates pour accomplir leur mission. Il est essentiel de trouver un compromis répondant à ces deux impératifs.
D’abord, j’ai constaté qu’une certaine presse alimente une comparaison qui n’a pas lieu d’être. C’est vrai que dans plusieurs pays développés, comme le Canada, les députés ne bénéficient pas de véhicules achetés ou fournis par le Parlement. Ils prennent en charge leurs déplacements avec leurs propres moyens ou via des indemnités de transport, dans une logique de responsabilisation individuelle.
Cette approche pourrait être un objectif à long terme pour le Sénégal. Toutefois, dans le contexte actuel marqué par l’enclavement de certaines zones et des infrastructures de transport encore limitées, il est justifié que l’État soutienne les élus dans leurs déplacements. Mais à terme, avec l’amélioration des routes et la démocratisation des moyens de transport, l’achat de véhicules par l’hémicycle ne devrait plus être une nécessité.
Dans cette optique, je propose une solution alliant pragmatisme, efficacité et économie, à savoir :
-la réhabilitation des véhicules existants : avant d’envisager tout nouvel achat, il est essentiel de commencer par une réhabilitation des véhicules déjà en service. Cela permettrait de prolonger leur durée de vie tout en limitant les dépenses immédiates. Ces véhicules, une fois remis en état, pourront servir de base pour les déplacements des députés.
-l’affectation des véhicules par département : plutôt que d’attribuer un véhicule à chaque député de manière individuelle, il est plus judicieux de les regrouper par département. Par exemple, dans un département tel que Dakar, qui compte 7 députés, il serait plus efficace de leur affecter 3 véhicules, accompagnés de chauffeurs. Ces véhicules pourront être utilisés en fonction des besoins et des missions spécifiques des députés. Cette organisation permettrait une meilleure gestion des ressources et encouragerait la coordination entre élus d’un même département.
-une gestion partagée et des déplacements groupés : cette solution permettrait à chaque groupe de députés de s’organiser pour optimiser l’utilisation des véhicules. Par exemple, si les 7 députés de Dakar ne sont pas tous sur le terrain au même moment, ils pourront coordonner leurs déplacements, en assurant la couverture des missions et en minimisant les frais. De même, pour les trajets à l’Assemblée nationale, il serait possible de voyager en groupe, réduisant ainsi le nombre de véhicules nécessaires tout en respectant les impératifs de présence à l’hémicycle.
Pour les départements comptant un nombre réduit de députés, comme ceux avec seulement deux élus, un seul véhicule pourrait suffire. Il serait alors partagé entre les deux députés concernés, qui pourraient l’utiliser de manière complémentaire en fonction de leurs besoins respectifs.
Cette approche permettrait de rationaliser les dépenses en réduisant les coûts liés à l’achat de nouvelles voitures et à leur entretien. Elle encouragerait en même temps une gestion plus souple et coordonnée des déplacements, permettant aux députés d’optimiser l’utilisation des ressources. Les véhicules seront gérés de manière adaptée aux besoins spécifiques.
Ce qui permettrait de concilier efficacité budgétaire et service public de qualité.
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