Qui se souvient encore de «Timpi Timpa», ce morceau emblématique interprété par le légendaire Ismaël Lô ? En wolof, cette expression signifie « ni blanc, ni noir », un clin d’œil à la nuance, à l’entre-deux, à cette zone grise où l’identité s’affranchit des extrêmes. C’est également le titre fort et symbolique choisi par la jeune réalisatrice Adama Binta Sow pour son premier long-métrage, qui ne cesse de faire parler de lui.
En prélude à la sortie du film Timpi Timpa, prévue ce vendredi 9 mai, une avant-première, s’est tenue, lundi 5 mai au Cinéma Pathé de Dakar.
Produit par deux figures majeures du cinéma international — Oumar Sall de Cinekap, déjà à l’origine de chefs-d’œuvre comme Félicité (Ours d’Argent à la Berlinale 2017, Étalon d’Or de Yennenga au FESPACO la même année) et Atlantique de Mati Diop (Grand Prix du Jury à Cannes en 2019) — et Virginie Besson-Silla de la société Europacorp, fondée par Luc Besson, Timpi Timpa bénéficie d’un soutien de poids, aussi bien local qu’international.
Le film, soutenu par le Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA) ainsi que par Canal+, a été chaleureusement accueilli lors de son avant-première sénégalaise. Un événement d’envergure, puisque le film a été projeté simultanément dans 22 salles de cinéma à travers le continent africain. Un signal fort envoyé par les producteurs et distributeurs : le cinéma africain mérite une reconnaissance et une visibilité à sa mesure.
Pour annoncer la sortie officielle du film le 9 mai dans toutes les salles de cinéma Dakaroises, c’est dans la salle prestigieuse du Cinéma Canal+ Olympia que le public a découvert le film en présence d’un grande partie de l’équipe de tournage. Une projection marquée par une ambiance électrique, rythmée par les rires, les émotions et, au final, une standing ovation méritée. La réalisatrice Adama Binta Sow, émue, a tenu à remercier les spectateurs pour leurs réactions et leur énergie communicative tout au long du film.
Au cœur de Timpi Timpa, une intrigue audacieuse et poignante : le jeune Comédien Pape Aly Diop, remarquable dans un double rôle, incarne tour à tour Leïla Camara et Khalilou. Bouleversé par la maladie de sa mère , intreprétée par Awa Djiga Kane qui est atteinte d’un cancer de la peau causé par le xessal. il décide de se travestir en jeune fille pour participer à un concours de beauté réputé des meilleures grandes écoles. Son objectif ? Remporter la couronne au nom du groupe « naturelles, belles et rebelles », et ainsi faire honneur à une promesse intime et militante qu’il a tenue à sa mère.
À travers une narration teintée d’humour et de finesse, le film aborde la question sensible et encore trop taboue de la dépigmentation. Il interroge les normes de beauté imposées, les pressions sociales, et met en lumière un véritable problème de santé publique encore sous-estimé. Timpi Timpa se dresse ainsi comme un cri artistique, sincère et engagé, en faveur de l’acceptation de soi.
Madame Khady Diène Gaye, la Ministre de la Jeunesse , des Sports et de la Culture , présente à l’avant-première, a salué le courage de la réalisatrice pour avoir traité ce sujet frontalement et sans concession. Un espoir est né: que ce film devienne un déclencheur de prise de conscience chez de nombreuses jeunes femmes tentées par les dérives du Xessal.
On retiendra également la justesse des interprétations, tant dans les rôles principaux que secondaires. Une mention spéciale à Yassine Sow Dumon qui joue le rôle de la jeune Fatima et à feu l’acteur Jean-Pierre d’Almeida disparu peu de temps après le tournage, dont l’apparition à l’écran est d’autant plus marquante que le film lui est dédié en hommage.
Enfin, la bande-son portée par le titre éponyme d’Ismaël Lô, accompagnée de nombreux dialogues en langue wolof et de sublimes images tournées à Dakar, qui donnent au film un ancrage authentique et une résonance émotionnelle profonde.
Timpi Timpa est bien plus qu’un film: c’est un moment de cinéma à vivre, à ressentir, à partager en famille ou entre amis. Ce long-métrage ne vous laissera pas indifférent .
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