Si, depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 27 novembre, un semblant de vie a repris au Sud-Liban, les villages les plus proches de la ligne de démarcation, eux, sont maintenus dans la guerre. À Kfar-Kila, la ville a été rayée de la carte par l’armée israélienne qui entrave tout processus de reconstruction. Orient XXI a pu se rendre dans ce Liban où la paix ne reste qu’un lointain mirage. Source: Laurent Perpigna Iban pour Orient XXI.
Laurent Perpigna Iban est Journaliste et photographe indépendant, passionné par le Proche-Orient où il se rend régulièrement.
Sud-Liban, mars 2025. Le village de Kfar Kila, situé le long de la ligne de démarcation, a été laissé pour mort par l’armée israélienne. ©Laurent Perpigna Iban
Mon village, celui de ma famille sur des générations, n’est plus. Ils l’ont rasé. Et même si Kfar Kila a connu des périodes sombres, notamment durant l’occupation israélienne, jamais je n’aurais imaginé le voir ainsi. Cela me brise le cœur, si mes parents voyaient cela… »
Hassan Jamil Shami, 65 ans, se tient debout dans ce qui semble avoir été jadis la rue principale de Kfar Kila, mais qui n’est plus qu’un océan de poussière et de gravats, dans lequel le bitume s’est noyé. Pour lui, ce village — qui comptait avant le 7 octobre 2023 quelque 5 000 habitants — était bien plus qu’un lieu de naissance ou qu’une adresse sur son état-civil : c’était la bourgade de toute une vie et une partie de son ADN. Il explique, la gorge nouée :
« Notre terre, nous avons appris à l’aimer dans ses pires heures, en réparant les dommages qui lui ont été faits lors des différentes guerres, quand elle a été occupée par l’ennemi, puis libérée. Je suis revenu juste après le cessez-le-feu, jamais je n’aurais imaginé être confronté à ça. »
L’homme possédait trois maisons dans le village ; deux sont à terre, une autre sens dessus-dessous. C’est dans une pièce éventrée de cette dernière, sans murs ni fenêtres, et sur un matelas posé au sol, qu’il tente, la nuit venue, de trouver le sommeil. Un retour temporaire de quelques jours en forme d’épreuve qu’il s’impose régulièrement depuis le 27 novembre 2024 : « Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, pas de nourriture. Personne ne peut vivre ici. Les Israéliens ont voulu nous rayer de la carte, et pire encore, empêcher la vie de pouvoir renaître ici. » Lire la Suite ICI
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