Jean Baptiste Tine ministre de l’intérieur: « 31 ans après, nous entendons toujours ce cri silencieux des victimes. Il commande la vigilance de tous »

Le Sénégal, par la voix de son ministre de l’intérieur Jean Baptiste Tine, a loué, lundi, les efforts déployés par le Rwanda en vue de la médiatisation et de la reconnaissance du génocide perpétré contre les Tutsi au sein de la communauté internationale.

Jean Baptiste Tine ministre de l’intérieur: « 31 ans après, nous entendons toujours ce cri silencieux des victimes. Il commande la vigilance de tous », Information Afrique Kirinapost

Kwibuka 31 à Dakar, du beau monde pour rendre hommage aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi

Le 7 avril est la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, établie par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2003.

À l’instar des pays du monde, s’est tenue au Sénégal également, une cérémonie commémorative à la mémoire des victimes et rescapés dudit génocide au King Fahd Palace.

La communauté rwandaise, à sa tête, Son Excellence Festus Bizimana, nouvel ambassadeur du Rwanda au Sénégal, a convié, organisation de la société civile, associations, journalistes, universitaires, diplomates, à une cérémonie en souvenir de ce drame.

Jean Baptiste Tine ministre de l’intérieur: « 31 ans après, nous entendons toujours ce cri silencieux des victimes. Il commande la vigilance de tous », Information Afrique Kirinapost

Son Excellence Festus Bizimana nouvel ambassadeur du Rwanda au Sénégal délivrant son message à l’occasion de la journée internationale dédiée au génocide des Tutsi

Festus Bizimana a magnifié les relations entre le Sénégal et le Rwanda et s’est dit déterminé à les consolider. L’ambassadeur est revenu sur la nécessité de transmettre, de raconter ce qu’il s’est passé et de rendre hommage aux victimes mais aussi de mettre en évidence la transformation du Rwanda : une nation résiliente, tournée vers la paix, la réconciliation et le développement.

« Le génocide contre les Tutsis n’a pas été un accident de l’histoire. Il a été planifié, exécuté avec une cruauté indescriptible, sous le regard indifférent de la communauté internationale » a dit le diplomate avant d’ajouter que « nous cesserons nos larmes lorsque nous détruirons les racines de la haine et sèmerons l’amour ».

Le ministre de l’intérieur, représentant le Chef de l’État Bassirou Diomaye Faye, a tenu à renouveler l’amitié entre le Sénégal et le Rwanda frère, mais aussi exprimer la solidarité de Dakar à l’endroit de Kigali dans sa quête de faire vivre la mémoire des victimes.

« Je voudrais ici, au nom des plus hautes autorités sénégalaises, rendre un hommage appuyé aux autorités rwandaises pour leur lutte acharnée contre ces crimes odieux et inoubliables commis sur leur territoire. 31 ans après, nous entendons toujours ce cri silencieux de celles et ceux dont la vie a été fauchée, les familles brisées. Ce cri silencieux commande la vigilance de tous et de chacun », a soutenu le ministre de l’intérieur. C’est un soutien de taille pour le Rwanda dans le contexte actuel.

Par ailleurs, le Général Tine a rappelé le devoir pour chacun de refuser la barbarie. À ce titre, il a évoqué le courage du capitaine Mbaye Diagne, dont l’épouse était dans la salle.

« Le 8 mai 2014, l’Organisation des Nations Unies a créé la médaille du capitaine Mbaye Diagne du nom de ce militaire sénégalais, soldat de la paix, ce héros qui a refusé d’être observateur de l’horreur » s’est souvenu le ministre.

Toujours dans son discours, le ministre de l’intérieur a invité l’auditoire à tirer les leçons du passé.

« Il faut voir, derrière la décision désignant le 7 avril comme journée internationale de réflexion sur le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, non pas une volonté de faire valider le caractère ignoble de ces actes de massacre, mais plutôt une alerte envoyée à l’humanité pour que l’on soit soucieux d’accepter la différence de l’autre car elle nous enrichit toujours » a-t-il plaidé.

Dans son élan, le ministre Tine a insisté sur le fait que le devoir de mémoire qui nous réunit rappelle que le passé détermine notre présent.

« L’Afrique a trop souffert des guerres. L’heure est à la concorde, au dialogue, mais aussi et surtout à la reconnaissance de l’être humain comme porteur d’une histoire sacrée. Par-delà les frontières, par-delà les peuples, par-delà les ethnies, par-delà les tribus, sachons mettre l’homme au cœur de nos préoccupations » a-t-il souhaité.

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Madame Berthilde Gahongayire, Directrice régionale de ONUSIDA et rescapée du génocide et Docteur Fodé Ndiaye ancien Coordonnateur-Résident du Système des Nations Unies et Abdarahmane Ngaïdé historien, spécialiste des conflits ont animé un panel de haute portée.

Un discours, comme pour faire écho au propos de l’historien spécialiste des conflits Abdarahmane Ngaïdé, qui, peu avant, au cours d’un panel -« La résilience du peuple Rwandais face à l’idéologie du génocide dans la région des Grands Lacs« –, en compagnie de Madame Berthilde Gahongayire, Directrice régionale de ONUSIDA et rescapée du génocide et Docteur Fodé Ndiaye ancien Coordonnateur-Résident du Système des Nations Unies, rappelant ses origines mauritaniennes, a tenu à faire un parallélisme, « toutes proportions gardées » précise-t-il, entre les événements Sénégal-Mauritanie qui se sont déroulés un mois d’avril également (en 1989) et le génocide des Tutsis au Rwanda.

« Avril est un mois qui rappelle, de manière fondamentale, le conflit sénégalo-mauritanien. On ne peut pas ne pas y penser surtout lorsqu’on a été témoin direct et « conséquence humaine » de la tragédie » a dit l’historien par ailleurs, fil conducteur d’un film documentaire à venir sur les relations entre le Sénégal et le Rwanda.

Une tragédie encore vivace dans l’esprit et la chair de Berthilde Gahongayire, Directrice régionale de ONUSIDA. Rescapée du génocide des Tutsis, elle a témoigné de l’horreur et de l’abomination dont ont fait preuve les génocidaires, allant jusqu’au cannibalisme. C’est pourquoi, elle a lancé un appel à la vigilance et à la responsabilité.

« Le Rwanda est seul au monde. Nous savons d’où nous venons et on ne veut pas y retourner. Le Rwanda se protège.Quand on vous gifle à la joue droite, vous ne devez pas tendre la joue gauche » a-t-elle souligné.

Le nomade est arrivé au Rwanda parce que l’histoire ne retient pas de leçon. Cependant, derrière chaque victime est une opportunité cassée.

De son côté, Docteur Fodé Ndiaye ancien Coordonnateur-Résident du Système des Nations Unies qui a vécu de nombreuses années au Rwanda a indiqué que le pays des Milles Collines n’a pas fait que se protéger. Il a fait mieux. Le Rwanda, grâce à un leadership fort, a su, sans oublier le passé, opter pour le futur, en se tournant résolument vers son histoire, sa culture pour y puiser des solutions endogènes. Tout part du postulat théorisé par les autorités rwandaises, qu’on ne peut pas être nourri par l’extérieur. C’est nous-mêmes qui devons trouver à nous-mêmes les ressources. Ce leadership a défini des politiques publiques importantes qui ont porté leurs fruits.

« D’abord, grâce aux gachachas, 1,9 million de personnes ont été jugées par le biais de ces tribunaux populaires et cela a abouti à une réconciliation importante. Ensuite on peut parler de itorero, qui est une commission qui réunit les jeunes du Rwanda et de la diaspora pour leur donner le sens d’être Rwandais et de développer le Rwanda. Et ils ont fait cette politique de « je suis un Rwandais » pour développer la citoyenneté rwandaise. Umuganda, l’exceptionnel rendez-vous du nettoyage. Un travail communautaire qui a lieu tous les derniers samedis de chaque mois. On peut en citer beaucoup d’autres.

À en croire, l’ancien Coordonateur, le leadership a fait confiance aux femmes. Le Rwanda est selon lui, numéro 1, avec 61%, en ce qui concerne le leadership politique féminin.

« Je ne parle pas de l’Afrique, dans le monde, et elles n’occupent pas de petits postes. C’est des présidents d’Assemblées Nationales, c’est des vice-présidents d’Assemblées Nationales, des ministres » a t-il ajouté.

Poursuivant son exposé, Dr Fodé Ndiaye a indiqué que ce leadership a fait confiance aussi aux jeunes.

« La plupart des ministres que j’ai rencontrés étaient de jeunes femmes dont je pouvais être le grand frère ou le papa, mais très compétents et très ancrés sur ça » a soutenu Dr Ndiaye.

Résultat, informe, l’économiste, 94% des Rwandais, selon le dernier baromètre, pensent que la réconciliation a été un succès.

Pour terminer son brillant exposé, le docteur Fodé Ndiaye rappelera qu’avec un leadership, une clairvoyance, une volonté politique, des citoyens engagés qui aiment leur pays, une bonne gouvernance et des raisons de vivre, un pays peut être transformé, non seulement par les infrastructures, l’économie, mais transformé mentalement pour construire la résilience et développer l’unité, la réconciliation. Il a invité les africains dans leur ensemble à étudier l’histoire.

 » C’est ça l’histoire du Rwanda. Et comme l’a dit Churchill, étudier l’histoire, étudier l’histoire, étudier l’histoire, c’est dans l’histoire que réside l’art de gouverner. Donc étudier l’histoire du Rwanda, étudier l’histoire du Rwanda, étudier l’histoire du Rwanda, ça permettra d’éviter beaucoup d’écueils et de pouvoir construire ensemble une Afrique unie, prospère pour sa jeunesse, pour ses femmes et qui compte sur elle-même » a-t-il conclu.

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Le ministre de l’intérieur Jean Baptiste Tine et Son Excellence Festus Bizimana, ambassadeur du Rwanda au Sénégal lors du dépôt de gerbes au Mémorial du génocide des Tutsi

La journée de commémoration, avait démarré en début d’après-midi avec le dépôt de gerbes au Mémorial du génocide des Tutsis au Rwanda situé à la Place du Souvenir Africain.Dakar étant une des rares capitales africaines, sinon la seule, à abriter un lieu du genre dédié à cette tragédie.

 

 

 

 

 

 

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