Steve Nuissier: « À travers le DMX, on voit que le tissu musical, en Afrique et aux Antilles, vit les mêmes problématiques»


Depuis 17 ans, Steve Nuissier, directeur et concepteur du festival «Première Rencontre Autour du Piano» en Guadeloupe, fait la promotion des pianistes de la Caraïbe et du monde. Présent au Dakar Music Expo 2025, il a bien voulu répondre aux questions de Kirinapost. 

Steve Nuissier: « À travers le DMX, on voit que le tissu musical, en Afrique et aux Antilles, vit les mêmes problématiques», Information Afrique Kirinapost

Steve Nuisisier écoutant attentivement Dudu Sarr initiateur du DMX au cours d’un panel

Kirinapost : Pouvez-vous nous présenter votre festival «Première Rencontre Autour du Piano» ?

Steve Nuissier : Le festival Première Rencontre Autour du Piano est porté par l’association Gwadloup Groove. C’est une association loi 1901. Notre équipe se compose de 7 bénévoles. C’est un festival en hommage à un ami pianiste. Il fait la promotion des pianiste de la Caraïbe basés aux Antilles et à l’étranger. Il est aussi ouvert à tous les pianistes du monde. Tous les pianistes méritent d’être présentés au public de chez nous.

Kirinapost : On ne demande pas à un antillais  qui vient à Dakar que vient-il faire sur la terre des ancêtres, mais on peut lui demander qu’est-ce qu’il vient chercher au DMX ?

Stève Nuissier : Je participe au DMX pour deux raisons : La première est que le festival Première Rencontre Autour du Piano est membre du réseau européen des festivals de jazz depuis 2019. Le réseau à proposer à ses membres de participer au DMX. J’ai saisi cette occasion de découvrir sur place la musique africaine.

La 2e raison est bien évidemment étant originaire de la Caraïbe et faisant partie de ces populations déportées de l’Afrique vers la Caraïbe je souhaitais connaitre le contient africain. Il faut dire aussi que pendant 10 ans j’ai étudié à Montpellier et j’ai eu l’occasion de joué pendant 3 ans avec le groupe Fitt Band, un groupe de reggae M’balax composé par des étudiants sénégalais. Donc c’était aussi une occasion de découvrir ce pays pour lequel j’avais composé des titres comme « Jiggen », « ciarroy », « Cosaan ». À la base je suis musicien pianiste, j’ai voyagé énormément avec ce groupe en France et surtout en Suisse. Nous avons composé d’ailleurs un titre « Gorée » financé par la fondation de Danielle Mitterand.

Kirinapost : Antilles et l’Afrique ont une forte relation avec un passé commun puissant. Et il y a un regain d’Afrique dans les Antilles en ce moment. Qu’est-ce qui l’explique ?

Steve Nuissier : Bien évidemment les antillais sont conscients de leur origine africaine et après avoir reçu une éducation française à l’école, il y a ce besoin culturel de retrouver cette culture africaine ancestrale dans les actions du quotidien. En ce moment c’est le carnaval en Guadeloupe et 2 types de carnaval se côtoient : le carnaval des caisses claires plus proche du Brésil avec des costumes et des paillettes et le carnaval des groupes à Po « tambour conçu à partir de peaux de chèvre » où les costumes et les noms de groupes comme Mas Ay font nettement référence à la culture africaine. Ce retour est aussi identitaire par une nette prise de conscience de l’existence du Peyi Gwadloup et de maintenir cette identité d’un peuple certes département français d’outremer mais dont la double identité est aussi un avantage.

Kirinapost : Comment fructifier cette relation ? 

Steve Nuissier : D’abord, il semble important de prendre conscience de la similitude des problématiques entre nos deux régions. À travers le DMX je comprends que le tissu musical au Sénégal et un peu en Afrique est à structurer. Nous avons chez nous le même besoin. Certes, nous possédons cette musique peut être de façon innée mais nos deux pays ont besoin de structures dédiées à l’exportation des musiciens vers l’Afrique et vers l’Europe, de lieux de formation, des équipements pour améliorer la diffusion de cette musique. Je suis membre du réseau européen des Festivals de jazz et même si parfois nos problématiques ne sont pas les mêmes, on peut dire que les rencontres comme la Conférence Européenne du Jazz,  chaque année, facilite d’une part les échanges entre les peuples mais permet de se rendre compte que nos questionnements sont universels. La diffusion de la musique jazz reste une nécessité. Oui, nous devons nous rencontrer comme aujourd’hui à Dakar mais aussi nous ouvrir vers le monde.

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *