Le Jazz Africain sur les scènes internationales, en débat au DMX

 « Le Jazz Africain sur les scènes internationales: une visibilité à redéfinir ? » a été un des thèmes phares des conférences de la première journée du Dakar Music Expo 2025.

 Le Jazz Africain sur les scènes internationales, en débat au DMX, Information Afrique Kirinapost

De gauche à droite: Dudu Sarr initiateur du DMX, Steve Nuisisier de l’association Gwadloup Groove, Götz Bühler de Jazzahead, Hugues Kieffer de Marseille Jazz des Cinq Continents et Dick Mawuto de Togoville Jazz Festival

L’édition 2025 du DMX, dédié au Jazz, ne pouvait faire l’économie d’un panel sur le Jazz africain. Autour de Dick Mawuto de Togoville Jazz Festival, brillant modérateur du panel, Dudu Sarr initiateur du DMX, Hugues Kieffer de Marseille Jazz des Cinq Continents, Götz Bühler de Jazzahead et Steve Nuisisier de l’association Gwadloup Groove, ont tenu en haleine le public sur la place du Jazz africain dans le monde.

D’emblée la question de l’existence ou pas du Jazz en Afrique a été vite évacuée. Il y a bel et bien un Jazz africain, des musiciens Jazz de talent et des festivals de renom. Presque tous les intervenants sont revenus sur cet aspect.

La question n’est pas anodine tant dans les milieux internationaux, on a souvent tendance à considérer les instrumentistes Jazz du continent comme des artistes de la World music.

Les artistes Jazz du continent sont nombreux. Rien que le Sénégal a donné au Jazz: Habib Faye, Abdoulaye Diabaté, Soriba Kouyaté,  Samba Laobé Ndiaye, Cheikh Ndoye, Alioune Wade, Yéyé Faye, Doudou Konaré, Hervé Samb, Woz Kaly, pour ne citer que ceux-là. Quant aux festivals: Jazz à Ouaga, Togoville Jazz Festival et Saint-Louis Jazz, entre autres, sont de véritables références en la matière. Sans oublier que les anciens nous ont toujours parlé des fameux clubs de jazz à Saint-Louis où Dakar dans les années 50 et 60…Chez Charlie ou Kër Samba…

Pour Dudu Sarr, le Jazz en Afrique a une présence réelle. Il doit cependant éviter d’être une copie du Jazz américain.

« Je dis toujours aux artistes de ne pas faire quecreprendre des standards Jazz » averti-il

Il s’agit en effet de puiser dans les sonorités locales pour espérer accrocher un public large.

C’est ce qu’avait compris le génial bassiste feu Habib Faye. Son dernier projet en compagnie du koriste Abdoulaye Cissoko, s’inscrivait dans cette démarche de valoriser les sonorités africaines.Entouré, de kora, flûte, balafon, ngoni, claviers et drums, le bassiste avait entamé ce qui partait pour être une profonde révolution de la scène Jazz.

Une musique Jazz, rythmée sauce africaine qui aurait eu sans doute un echo favorable en Guadeloupe avec ce regain d’africanité qu’a constaté Steve Nuisisier de l’association Gwadloup Groove.

«Vous voyez mon Tee-shirt, c’est inscrit Africa Solo et il vient de Gouadeloupe.Il y a une recrudescence d’un désir d’Afrique dans les Antilles. Les jeunes s’approprient les codes du continent noir et une musique Jazz teinté de Bikine et d’Afrik beat façon Joe Zawinul et Paco Sery est bien reçu» a révélé le producteur, très ému de fouler la terre des ancêtres.

Hugues Kieffer de Marseille Jazz des Cinq Continents a soutenu que le dit festival créé dans les années 2000, visait justement l’angle artistique et l’identité de la ville.

«Jazz des cinq continents, comme son nom l’indique tente un dialogue avec les musiques du monde. Il y a une nécessité de dire qui on est, de mettre en évidence nos identités et de partager. Si je viens au DMX, c’est toujours dans cette même démarche : une vocation à venir ici en tant qu’acteur de ce partage» a-t-il conclu.

En tout cas, reprend Götz Bühler de Jazz Ahead, l’Europe a besoin du jazz africain et vice versa. Soulignant par ailleurs une réelle volonté de son festival d’accueillir le jazz africain. Il s’agit pour lui d’encourager une conversation musicale à l’échelle du monde.

Au moment des échanges avec le public,  le Professeur Ibrahima Wane dans la salle a tenu à clarifier que le terme Jazz a été très tôt présent dans le patronyme des premiers groupes musicaux du Sénégal et du continent. Star Jazz, Tropical Jazz entre autres…derriere ses noms apparaissaient une certaine appropriation. Rappelant que sans le revendiquer, la plupart des groupes musicaux du Sénégal, jusqu’au Youssou Ndour des années 80, jouaient du Jazz.

Pendant toute la semaine, le Jazz africain sera à l’honneur. Il s’agit pour les organisateurs de célébrer les musiciens jazz du continent et en même temps défaire certaines idées reçues sur le fait que le Jazz n’existait pas en Afrique.

Sur le choix du jazz comme thème cette année, Dudu Sarr avait soutenu la veille, lors de la conférence de presse que l’idée lui est venue au cours d’un séjour à Marseille.

«Nous étions dans un salon à Marseille et la discussion a été autour de l’existence ou pas de jazz en Afrique. Je me suis demandé comment des gens osent dire quelque chose comme ça ? »  raconte Dudu Sarr.

L’Afrique ne valorise pas assez sa culture tellement elle semble aller de soi et naturelle. Le continent est le lieu de naissance d’innombrables genres musicaux. C’est un fait ! Il est important dés lors de montrer la richesse du continent dans le Jazz et surtout d’organiser les acteurs.

 

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