En 2024, au moins 89 personnes exilées sont mortes en tentant de rejoindre le Royaume-Uni. Habitants, pêcheurs et élus apportent l’aide qu’ils peuvent sur le littoral de la côte d’Opale, devenu le théâtre de nombreux drames. Source: Reporterre
Wimereux (Pas-de-Calais), reportage
Myriam, chez elle à Wimereux. © Julia Druelle / Reporterre
Myriam ne se lasse pas du paysage, même après 29 ans passés sur le littoral. Cette Parisienne d’origine, formatrice dans la vente, raconte avoir rencontré son mari et la côte d’Opale en 1996, et « être tombée amoureuse des deux ». « Il y a une lumière sur ce littoral qu’on ne retrouve pas ailleurs ».
Myriam habite Wimereux, à deux minutes de la plage, se baigne « dès que la météo et le travail le permettent » et s’éclate dans la pratique du longe côte (marche en mer semi-immergée) : « On partage la mer avec les phoques, d’autant plus l’hiver où il y a moins de navigation de plaisanciers. C’est magique de se retrouver dans l’eau avec ces animaux. »
Son regard sur le littoral a toutefois un peu changé ces dernières années. « Avant le Covid, avec mon mari, on se promenait dans les dunes et de temps en temps, on tombait sur un jean, un duvet ou un pull, raconte la Wimereusienne. On entendait parler de passeurs et de migrants, on lisait les gros titres de la presse, mais on ne s’y intéressait pas du tout. »
Déjà au moins six morts en 2025
Myriam prend alors conscience de la réalité tragique qui se joue sur les plages du nord de la France : chaque nuit, des exilés tentent, par tous les moyens, de traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni. Au risque d’y laisser leur vie.
Dimanche 9 février, deux exilés, dont un Afghan d’une trentaine d’années, ont été retrouvés inanimés sur la plage de Berck. Depuis le 1ᵉʳ janvier, au moins six personnes exilées sont mortes sur le littoral de la Côte d’Opale en tentant de rallier l’Angleterre.
Le déclic s’est fait un matin de novembre 2022 quand Myriam a croisé, à la gare de Boulogne-sur-Mer, des bénévoles de l’association Osmose 62 distribuant thé, café et biscuits à des exilés de retour d’une tentative de traversée. Elle a alors compris ce qui se joue sous les fenêtres de sa maison.
« J’ai commencé à intervenir directement sur la plage de Wimereux quand des départs se passaient mal, raconte-t-elle. On arrive sur place, il y a des gens à l’eau, le bateau qui s’en va, les migrants sont trempés, certains pleurent. »
Avec d’autres habitants, elle a pris l’habitude d’offrir boissons chaudes et gâteaux aux exilés à qui elle porte assistance. « Pour moi, c’est juste normal de faire ça », dit l’énergique quinquagénaire. Lire La Suite ICI
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