Liberons-nous d’abord des chaînes de nos esprits

Nous voulons libérer le continent mais nous sommes foncièrement ignobles entre nous et les relations humaines sont purement opportunistes. Si l’on fait une introspection, on comprendra nettement que les facteurs endogènes de notre absence de développement sont intimement liés à notre vision, nos manies et nos craintes.

La réussite sociale passe forcément par un enrichissement exponentiel, dont l’origine n’est pas forcément importante, dès l’instant où elle comble les pulsions. Notre rapport à l’argent n’est pas mesuré, ni raisonnable et nous sommes envieux face au succès de l’autre. Pensons positivement : « Le voisin qui se lève au aurores pour gagner son pain n’est ni zélé, ni escroc encore moins voleur. » 

La violence a pris le dessus, car lorsque la pression exercée sur le peuple n’est plus supportable : le couvercle posée sur la cocotte-minute des frustrations finit par céder. Ce fatalisme n’est pas figé, le maître suprême de notre destinée (Allah swt) , nous présente des occasions de sortir de l’oisiveté, mais nous sommes tellement ambitieux que nous optons pour les raccourcis. Nous sommes sur les starting-blocks et trouvons des rivaux partout, la paranoïa est poussée à son paroxysme. On file voir le marabout du coin qui joue au psychologue et aussi paradoxalement que ça puisse paraître, exacerbe nos peurs pour essayer de sortir de sa propre misère.

Cela dit si les dirigeants pantins ne narguaient pas la plèbe en dilapidant le patrimoine national au vu et su de tous, les comportements déviants seraient mieux sanctionnés. Nos vertueuses valeurs ont été travesties et l’appât du gain a érigé le vice en norme sociale. On ferme les yeux sur le commerce triangulaire de nos filles tant que notre intérêt est résolu. Ne sacrifions pas ce que nous avons de plus précieux, pour un besoin immédiat. « Un être, aussi opprimé soit-il, trouvera un autre être à opprimer : sa femme », avait coutume de dire Thomas Sankara.

Nous avons nos traditions, nos perceptions mais quand la base de nos échanges repose sur un rapport de dominant et dominé : il y aura toujours des inégalités entre nous. La classification de notre société est un moyen pour certains de se voir supérieurs à d’autres à cause d’un nom ou d’un statut ? La chute de la monarchie a aboli le privilèges des nobles en Europe, mais il est important de se rappeler que lors de la traite négrière, ils n’avaient pas décelé de différence entre les peuples africains : un nègre aussi distingué ou instruit qu’il fut restait un esclave quand même! Nous poursuivons cette esclavage avec la complicité de ces élites qui se coalisent pour mettre à genou cette frange du peuple qui les ont plébiscités avec la bénédiction du colon.

Si l’on manque de discernement, qu’on s’enferme dans une logique binaire et qu’on refuse d’être acteur (cette fameuse neutralité) de ces mutations : aucun clivage ne s’amorcera. Cette prise de conscience est indispensable avant de s’engager. La guerre contre son ego car le challenge commence en nous. Frantz Fanon avait justement considéré que « Nous ne sommes rien sur terre, si nous ne sommes pas d’abord l’esclave d’une cause, celle des peuples et celle de la justice et de la liberté. »

 

 

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