Amoonafi ou l’histoire de l’art et du droit au Sénégal, telle que vécue et racontée par Bara Diokhané “L’avocat des Artistes”

Amoonafi, film-documentaire signé Bara Diokhané sera présenté le 14 novembre prochain au cinéma Pathé de Dakar. À travers des interviews intimes, des images d’archives, des évocations et concerts, avocats, artistes, galeristes, politiques, témoins et acteurs majeurs, convoquent la mémoire et racontent les balbutiements du droit du marché de l’art au Sénégal dont Bara Diokhané est un des pionniers et une des plus solides références. Pour ne pas dire LA référence.

Amoonafi ou l’histoire de l’art et du droit au Sénégal, telle que vécue et racontée par Bara Diokhané “L’avocat des Artistes”, Information Afrique Kirinapost

Portrait de Bara Diokhané ©Aly Samb, ancien pensionnaire de l’ancien village des arts, vivant à Orléans

Leboon lipoon, Amoonafi…lorsque l’on entend ces trois mots de wolofs, toujours c’est parce qu’on s’apprête à entendre raconter une histoire inoubliable, fascinante, fantastique pour parler trivialement. Elle est fascinante car comme dit Pape Mouhamadou Lô dans le film, « l’avocat Bara Diokhané n’a pas choisi ses dossiers selon ce qu’il allait gagner, il a choisi ses dossiers toujours selon ses rêves. »

Plus jeune avocat inscrit au barreau de Dakar, maître Bara Diokhané est un casseur de code. Dés ses débuts, le jeune iconolaste, encore stagiaire chez maitre Doudou Ndoye  un des Tenor du barreau, se fait remarquer par ses centres d’intérêts plus ou moins déroutants dans ce Sénégal où les avocats, s’ils ne parlent pas de banques, ou d’industrie, ne s’intéressent qu’aux secteurs classiques de l’économie et jamais à l’art. Bara Diokhané va montrer que les arts sont une industrie et qu’il y avait une véritable économie derrière.

L’ avocat très couru dans la place de Dakar devient à son tour un Tenor du barreau surtout en ce qui concerne les droits des œuvres artistiques. Son cabinet attire du monde et il comptera même, maître Assane Dioma Ndiaye, futur président de la  Fédération Nationale des Droits de l’Homme, parmi ses stagiaires. Ami des artistes et lui-même plasticien à ses heures, Bara s’intéresse à leurs droits. Il les conseille, les encadre et les accompagne.

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Maître Bara Diokhané en compagnie de Joe Ouakam dans la fameuse cour de la rue Jules Ferry…une volonté de transmettre

Proche de Joe Ouakam, de Djibril Diop Mamebety et de Ben Diogaye Beye, Amadou Yacine Thiam et autres, il est au cœur des mouvements qui traversent le monde des arts durant les années 80-90. Les conflits cinématographiques mais aussi les heurts concernant les artistes comme le déguepirssement de l’ancien village des arts par le régime Diouf. Bassirou Sarr et Zulu Mbaye, Baba Diop en furent témoins !

Binette Cissé entrepreneure cultuelle et première femme à tenir une galerie privée au Sénégal raconte, avec son mari l’architecte et réalisateur Nicolas Sawalo Cissé, tous les deux présents dans le film, comment Bara Diokhané a grandement participé à la mise en place d’un véritable marché de l’art.

C’est avec des personnalités comme Binette Cissé et sa galerie d’un côté, offrant une vitrine aux oeuvres, Bara Diokhané de l’autre, s’affairant dans les aspects juridiques du secteur, que commence à se dessiner dans Dakar un environnement propice au développement réel d’un marché de l’art. Autrement dit, les cadres sénégalais, se mettent à achèter des tableaux et les artistes qu’ils croisent commencent à vivre de leur art.

C’est la première fois que l’on entend des tableaux vendus à un million de FCFA. Son protégé Mor Faye et d’autres, bénéficieront de ce changement de paradigme révolutionnaire pour le coup.

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L’avocat des artistes; commissaire d’exposition et mécène

Amoonafi est une formidable source pour les juristes, pour les chercheurs et pour les artistes. Le riche parcours de Bara Diokhané du Sénégal aux États-Unis où il s’installa pendant 20 ans toujours comme avocat, se mêlant activement à la vie artistique New-Yorkaise, est inspirant.

Bara Diokhané decouvre New York dans les années 80 alors qu’il exerçait déjà au Sénégal. Son beau-frère Massamba Sarré était le représentant du Sénégal à l’ONU. C’est durant ces cours mais fréquents séjours qu’il rencontre le génial contre-bassiste Ron Carter, par l’intermédiaire de son épouse Janet Carter, amatrice d’art qui venait régulièrement à Dakar. Il fait la connaissance aussi de Robert Mohamed Bell, alias Kool, leader de Kool and the Gang. En 1987 Bara Diokhané invitera Kool et sa clique à Dakar. Ils seront d’ailleurs reçus par le président Abdou Diouf.

En 1991, alors que le réalisateur américain Spike Lee qui travaillera avec Youssou Ndour est en plein pré-production pour son biopic sur Malcom X,  il débarque à Dakar. Il est reçu par Bara. Spike voulait filmer le pèlerinage à la Mecque, mais il ne pouvait pas car étant Chrétien. Quelqu’un lui avait suggéré d’essayer le Magal de Touba. Bara l’accompagne à Touba, lui et ses equipes, pour les repérages. Dans la ville sainte, ils rencontrent Serigne Mourtada Mbacké (Dieu l’agree), qui les bénis.

Le chef décorateur de Spike n’était pas convaincu que Touba ferait l’affaire. Il est donc reparti, mais le réalisateur américain est resté avec Bara à Dakar, où un grand concert était prévu en l’honneur de Nelson Mandela attendu à Dakar. Finalement Madiba ne vint pas.

Bara se rend néanmoins avec Spike Lee à la réception offerte par le président Abdou Diouf pour la fête de l’indépendance, en compagnie de Youssou Ndour, Peter Gabriel, Bobby Mc Ferrin, Ismael Lo, qui improviseront sur la scène ou jouait Soriba Kouyaté et l’Orchestre National. Au cours de la réception, Bara approche l’ambassadeur d’Arabie Saoudite, parmi les invités, et lui expose l’intérêt de permettre un tournage du film Malcom X à la Mecque. Spike Lee a finalement pu tourner à la Mecque.

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À voir…absolument

Amoonafi est un film à voir. Il rend compte de l’évolution des arts au Sénégal et quelque part de la vision qu’en ont eu les politiques.

L’Assiko et la voix du légendaire Billy Kongoma qui rythme le film rappelle que Bara en vrai enfant du Plateau a été bercé très tôt par les chants de celui qui dirigeait les supporters de la mythique ASC Sandial .

Le Sénégal, à la croisée des chemins dans sa trajectoire, doit davantage faire de la place à la culture dans ses politiques globales. Pourquoi ne pas commencer par exemple par rafraîchir tous ces grands chantiers de l’art mort-nés évoqués dans le film que maître Diokhané, Youssou Ndour, les institutions de Bretton Woods et l’Etat du Sénégal avaient en commun ?

Le développement passe par la culture. Celle du Sénégal est un puissant vivier. De lui , doit émaner toutes nos projections si nous voulons un développement harmonieux. La culture, irradie l’economie, la commande. Bara Diokhané l’a compris il y a longtemps et nous le rappelle en nous disant: Amoonafi !

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Une distribution exéptionnelle…

 

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