Le choriste et cofondateur de l’orchestre Dandé Léñol, Mansour Seck, est décédé mercredi à Dakar, à l’âge de 69 ans, informe l’APS.
Quelques jours à peine après le rappel à Dieu de l’immense artiste et troubadour Baah Moody, un autre gardien du temple et de la mémoire des cultures du nord, Mansour Seck tire sa révérence. une bien triste nouvelle qui frappe la musique sénégalaise avec la disparition du compagnon de route du chanteur Babaa Maal.
Mansour Seck, issu d’une lignée de griots est le dépositaire d’une grande tradition. Il détenait toute l’histoire et tout le patrimoine culturelle et musicale du Fouta. Non-voyant, il était un auteur-compositeur et chanteur reconnu.
Mansour Dîné Gawlo Seck, a vu le jour en 1955 à Podor, dans le Fouta (nord du Sénégal). Il fait ses premiers pas dans la musique dans la troupe folklorique ‘’Lasli Fouta’’ avant de rejoindre la troupe ‘’Yelitaaré Fouta’’. En 1984, il cofonde avec Baba Maal et feu Mbassou Niang, le ‘’Dandé Léñol’’ ou « La voie du peuple ».
Avec ce groupe, Baba Maal en lead-vocal, Mbassou Niang comme manager et lui Mansour à la guitare et aux choeurs, il va écrire l’une des plus belles pages de la musique sénégalaise et ouest-africaine.
Mansour Seck donc, fin connaisseur de l’histoire du Fouta, a transmis à Baaba Maal toutes les subtilités des sonorités pulaar et les profondeurs du patrimoine du nord du pays. Hilaire Chaby Hary, claviériste et directeur musical du ’Dandé Léñol’’estime d’ailleurs s’être beaucoup inspiré de lui pour ses compositions et arrangements musicaux au sein du groupe.
”Mansour Seck m’a donné le goût d’aimer la musique du Fouta. C’est un homme qui nous a tout donné.C’était une bibliothèque artistique. Quand vous pensez au patrimoine culturel du Fouta, vous faites appel à ces gens-là d’orgine griotte comme Mansour, parce qu’ils sont témoins de l’histoire, de la vraie histoire du Fouta » a soutenu l’instrumentiste.
Artiste d’une grande dimension, il effectuera plusieurs tournées mondiales avec Baaba Maal et sera présent dans l’essentiel des albums de l’artiste. Il ne cessait d’impressionner les différents publics qui assistaient à ses prestations. il a signé, par ailleurs, quelques albums solos. Homme d’une simplicité rare, au commerce facile et d’une exquise gentillesse, Mansour Seck était d’un charme particulier. Sa piété était connue de tous. Sa foi islamique ne le quittait jamais.
Mansour Seck, malade depuis un mois avec une semaine en réanimation, est finalement parti se reposer au cimetière de Yoff aprés une levée du corps à l’hôpital de Fann d’une grande émotion. Babaa Maal, son ami d’enfance, avec qui il chemine depuis plus de 50 ans, l’a naturellemment accompagné à sa dernière demeure.
« Je ne sais pas exactement quoi dire avec cette triste nouvelle qui vient de s’abattre sur nous. Mansour Seck était l’âme de notre groupe. J’ai fait avec lui le tour du monde dans les plus grandes scènes du monde. Mansour Seck était d’une humilité extrême. Je me sentais en sécurité à ses côtés. Un artiste multidimensionnel est parti. Heureusement, il a travaillé avec toutes les générations et ses œuvres vont faire de lui un immortel », a-t-il déclaré face à la presse.
Si Baaba Maal chantait demain: «Mansour yahii Fuuta yeewaama !» littéralement: »Mansour est parti ! le Fouta va sonner vide » (traduit par Ousmane Sow dans Le Quotidien du 31 mai), le fameux «Wallaahi» de Mansour Seck, derrière le micro, tonnerait d’outre-tombe tant les deux artistes sont inséparables.
Une légende est partie ! Il a joué sa partition avec maestria, a enseigné, a partagé son savoir aux plus jeunes et a fait beaucoup d’héritiers. Son nom et son oeuvre lui survivront. Repose en paix seydi Seck !
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