« Macky Sall veut contrôler le narratif autour de la fin de son mandat, en utilisant le Droit comme un outil pour légitimer une approche qui s’éloigne des principes démocratiques. Par ailleurs, cette approche marginalise la voix du citoyen et réduit l’espace public de débat à une arène technique inaccessible au grand public. » Réné Lake Seneplus
Le Pâtissier de Fatick refile le gâteau au Conseil Constitutionnel.
Tous ceux qui attendaient du Chef de l’état Macky Sall, qu’il se conduisit comme son homologue ivoirien Laurent Gbagbo, qui de report en report, finit par obtenir un « mandat-cadeau », en ont été pour le moins étonnés et pour le mieux satisfaits, en entendant le Président de la République affirmer sans ambages, que la question était tranchée, et que le 2 avril 2024 marquait la fin de son mandat à la tête du Sénégal. Cette question avait l’allure d’un épais brouillard derrière lequel était tapie la supposée volonté de Macky Sall de se maintenir au pouvoir, malgré la surprenante et subite compétence d’un Conseil Constitutionnel qui lui a enjoint d’organiser une élection dans les « meilleurs délais », délais qu’il a décidé de fixer à travers le consensus d’un dialogue.
Le dialogue national, tout en étant nécessaire dans d’autres conditions que celles actuelles, ne doit pas servir de prétexte pour éluder des questions fondamentales ou pour imposer un agenda politique qui sape les fondements de la démocratie. De quoi va-t-on discuter à partir de lundi prochain ? Avec quels candidats ? Tous sont-ils disposés à œuvrer à dessiner un consensus politique qui permettrait au Sénégal d’éviter les pièges funestes que laissent entrevoir certains propos présidentiels ? Tous voudront-ils être amnistiés plutôt que d’avoir à faire le choix de faire toute la lumière sur les évènements qui ont secoué le Sénégal et causé des morts par dizaines, une fois parvenus au pouvoir ?
Macky Sall compte avec ceux qui auront accepté d’aller au dialogue, laisser au Conseil Constitutionnel, le soin de définir et la date et le nombre des candidats de la présidentielle. Avril, Juin, nul ne sait. Avec Macky Sall au-delà du 2 avril, ou avec le Président de l’Assemblée Nationale en intérim, c’est au Conseil Constitutionnel de dissiper cet épais brouillard, à travers lequel personne ne peut distinguer pour le moment, les trouvailles consensuelles et politiciennes qui permettraient de mettre Macky Sall dans les conditions de passer le pouvoir à son successeur dans des circonstances apaisées pour un Sénégal en concorde.
Que ce soit les questions de bi-nationalité ou de suspicion de corruption de nos juges constitutionnels désignés, qui avaient prévalu à la suspension du processus électoral, est-il acceptable d’aller au dialogue sans avoir éclairci ces forfaitures mettant en cause des candidats retenus et des députés du PDS ainsi qu’un PM encore en poste ?N
’y-a-til pas d’autres préalables à un dialogue national, fût-il urgent à mettre en place, que ceux qui sont ceux relatifs aux nombreux morts qui ont été causés par des évènements post « sweet beauté », soit par le fait de FDS ou de « Forces Obscures », aujourd’hui pour certains élargis de prison, sans que lumière soit pour autant faite ?
Nous avons besoin de savoir. Même si une seule vie préservée vaut tous les sacrifices qui conduisent au pardon et au retour de la concorde.
Et le peuple dans tout ça ? Il convient de s’assurer que le futur politique du Sénégal reflète la volonté du peuple, dans le respect des normes démocratiques et constitutionnelles qui ont uni la nation. Le désir que les Sénégalais avaient d’user de leurs cartes d’électeurs à date échue ne saurait être minimisé et sacrifié sur l’autel d’un « barayego » national et strictement politicien. Cette question, le Conseil Constitutionnel n’a aucune prérogative pour la résoudre.
Laisser un commentaire