Ahmad Jamal (né Frederick Russell Jones le 2 juillet 1930 – mort le 16 avril 2023) aurait eu 93 ans aujourd’hui !! Il était un pianiste, compositeur, chef d’orchestre et éducateur de jazz américain. Pendant six décennies, il a été l’un des leaders de petits groupes les plus réussis dans le jazz. Il a été un Master de jazz National Endowment for the Arts (NEA) et a remporté un Grammy Achievement Achievement pour ses contributions à l’histoire de la musique. Converti à l’Islam pendant le mouvement des droits civiques, Ahmad Jamal est une grande figure de la culture américaine.
« Toute mon inspiration vient d’Ahmad Jamal, le pianiste de Chicago”, déclarait Miles Davis en 1958. Ces mots venant du grand Miles ont contribué à forger la légende d’Ahmad Jamal. Le pianiste a révolutionné l’approche du jeu en trio. Il a organisé le trio comme une sorte d’orchestre miniature dont le piano n’est qu’une composante.
La mise en scène des thèmes, la cohésion de la rythmique, l’art de la respiration et du silence, la recherche d’une sonorité globale chers à Ahmad Jamal raconte Vincent Bessières dans philharmoniedeparis.fr/, ont eu une profonde influence sur de nombreux musiciens, le plus notable étant Miles Davis qui lui emprunte un nombre important de titres de son répertoire et encourage ses pianistes (Red Garland et Bill Evans) à s’intéresser à lui. Au-delà du trompettiste, l’impact d’Ahmad Jamal sur l’art du jeu en trio est considérable. Pour autant, la carrière du pianiste n’a pas toujours été sans accident.
La dissolution de son trio en 1962 explique Vincent Bessières marque un tournant, renforcé par des difficultés personnelles. Il aura dès lors beaucoup de mal à retrouver un trio possédant la complémentarité des musiciens qui l’ont accompagné. Installé à New York, il joue avec différentes paires rythmiques, la plus durable associant Jamil Nasser et Frank Gant (1966-1972). Relativement abondante, sa production phonographique pour différentes firmes est plus irrégulière mais connaît des ventes soutenues ; elle le fait parfois entendre au clavier électrique ou dans des contextes orchestraux. Son trio s’élargit ponctuellement en accueillant un guitariste ou un percussionniste et demeure son empire. Depuis Vernell Fournier, il garde une prédilection pour les batteurs louisianais (Herlin Riley, Gordon Lane, Idris Muhammad…) qui donnent à certaines de ses interprétations un discret parfum funky.
Il faut attendre le début des années 1990 et sa collaboration avec le label français Birdology pour que le pianiste connaisse une véritable renaissance. Inauguré par une trilogie d’albums intitulée The Essence, ce retour en grâce s’opère d’abord en Europe où l’on redécouvre sa singularité. Toujours très directif, son art s’est considérablement modifié, adepte des grands effets de contraste, dramatisé dans ses développements énergiques et ses changements soudains de dynamique. Mais au-delà des apparences, c’est toujours la pensée d’un architecte qui a fait du trio son orchestre qui s’exerce avec audace et lucidité.
Ahmad Jamal a influencé les musiciens de sa generation mais aussi celles d’après et la scène hip-hop d’aujourd’hui : un grand nombre de ses morceaux ont été repris par des rappeurs tels que Nas, Common, Jeru The Damaja ou encore Kanye West. Quelque soit le secteur musical, Ahmad Jamal laisse derrière lui un immense héritage pour les nouvelles générations.
Avec au moins 80 albums au compteur, Ahmad Jamal a traversé la scène artistique musicale pendant sept décennies. Ahmad Jamal at the Pershing : But Not for Me, un disque sorti en 1958, marque le début de son succès. Il reste plus de 100 semaines au palmarès du Billboard, le classement américain des titres les plus populaires. Selon le New York Times, c’est devenu l’un des disques instrumentaux les plus vendus de l’époque. Un fait rare pour les jazzmen, peu habitués à côtoyer le sommet des charts. Son secret ? « Je vis une vie passionnante et, lorsque vous vivez une vie intéressante, vous continuez à découvrir », avait-il confié à l’AFP en 2012.
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