Les larmes ne coulent. Asséchées, elles sont devenues drues. En cette matinée du 10 Novembre 2022, alors que les amateurs de football se languissent de savoir si la perle noire du pays sera ou non de l’équipée du Qatar, qui, au Sénégal, n’a pas le cœur lourd? Comme si la blessure de Sadio Mané et celle Abdou Diallo ajoutant au malheur s’étaient concertées pour éliminer tout ce qui pouvait être festif encore en raison de l’espoir que le sport fait vivre dans les esprits.
Le Sénégal s’est réveillé dans la tristesse et l’incertitude davantage sur son destin que sur le futur de sa balle ronde dont la gestion reste somme toute entre des pieds experts, présence ou pas de l’enfant de Bambali.
J’accuse Macky Sall d’être le premier responsable de cette situation de désespoir et de recul des libertés démocratiques qui, avant son arrivée, donnaient à son peuple des raisons de vivre. Il a tout détruit. Sans ménagements. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaines.
Rien qu’à l’évocation de son nom, un sentiment de colère plus que de peur, un réflexe de vengeance, une envie d’en découdre, une volonté de mettre fin, par tous les moyens nécessaires, à son emprise sur le Sénégal, un dégout général, bref tous les regards se tournent vers lui pour en faire le coupable de ce mal-vivre et cette mer de malaises qui étranglent une nation dont l’ADN n’est plus la joe mais le malheur de vivre.
J’accuse Macky Sall d’avoir tué l’espoir au Sénégal. En jetant hier Pape Alé Niang en prison, ses obligés, agissant sous ses ordres, n’ont pas tremblé. Son doigt suffit à les faire agir. Y compris à tuer. Emprisonner. Détruire des vies.
J’accuse les magistrats, comme Mamadou Seck, héritier d’un Samba Sall, qui a, lui aussi, servi jusqu’à se faire sans doute trucider, malgré son excès de zèle.
J’accuse les greffiers qui notent les propos des clients des magistrats qu’ils servent sans ciller…en remplissant, comme naguère les collabos du nazisme, les feuilles d’envoi vers des chambres à gaz.
J’accuse les chefs religieux et prétendus médiateurs sociaux, vrais escrocs, dont la servilité face à un pouvoir temporel marqué au coin de l’immoralité religieuse, en dit long sur leur apostasie envers les normes édictées par un Seigneur céleste qu’ils ne font même plus semblant de servir.
J’accuse les journalistes qui ont vendu leurs âmes pour de l’argent et dont le sacerdoce professionnel n’est plus qu’un souvenir evanescent.
J’accuse le peuple du Sénégal qui est passé maitre dans la diversion et la dérivation pour s’enthousiasmer ou se frustrer autour de sujets sans conséquences, sur le sport ou la musique et autres détails, à seule fin de ne pas faire face à cette houle destructrice de ses raisons d’être sur terre qu’une bande organisée par Macky Sall déverse en sa direction.
J’accuse les discours qui font endormir, accroché au passé ou se glorifiant du rôle de nos ancêtres pour ne pas évoquer le nôtre, exorbitant, qui nous dévisage, au milieu des défis de toutes sortes, d’une démocratie qui s’éteint à une religion piratée, sans compter le refus, général, d’enrôler les nouveaux savoirs paradigmatiques d’un monde nouveau, en rapide émergence.
J’accuse toute la classe politique, de la médiocrité et de la criminalité de celle qui se trouve en charge des leviers de commandes du pays à cette opposition plus sectaire et vénale, corrompue et de connivence, qui participe à la rouerie dont le bon peuple, hélas volontairement naïf, est la victime principale.
J’accuse les agités animateurs des réseaux sociaux dont la légèreté des analyses transparait dans l’adoption de formules saisonnières sans consistance, entre des bravades de Tarascon du net et expressions chargées de fatuité…
J’accuse les intellectuels qui se taisent lâchement, retirés dans des organismes ou institutions ronronnant de certitudes inutiles, que l’on retrouve dans de prestigieuses universités ou organisations internationales si ce ne sont ce qu’on appelle ces temps ci des Think-Do ou des instances de co-création. Beaucoup sont des vendus au pouvoir de Macky Sall, et il n’est que de citer l’agité du bocage, bakary Sambe, ou ses petits copains qui se reconnaîtront, pour avoir une idée du cancer social qu’ils sont.
J’accuse les employés des institutions, que ce soit la CSS, l’Ipres, le King Fahd Palace et tant d’autres, qui se font marcher dessus par un voile et vapeur, Racine Sy, en se cachant dans les réseaux sociaux pour y chercher des défenseurs à leur cause, pourtant juste…
J’accuse les larbins qui ont fleuri au Sénégal, comme Mamadou Lamine Diatta.
J’accuse les voleurs du pays qui ont fait du Sénégal une académie grandeur nature de criminalité sous la protection impie du Khalife Général Tous Voleurs Confondus, Macky Sall.
J’accuse le Sénégal d’être un pays qui a choisi d’être à genoux, sous le diktat d’un médiocre voleur qu’il s’est choisi, sciemment, comme leader.
J’accuse notre couardise collective, en commençant par les forces de sécurité sensées protéger le pays mais qui se prosternent, s’offrant en péripatéticiennes; à un tyran indigne de rester un jour de plus à la tête du pays.
Amsterdam, 10 Novembre 2022
Adama Gaye* Exilé et opposant du régime de Macky Sall et de l’Opposition de façade qui le conforte par sa duplicité.
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