Sans-papiers : jusqu’à 800 euros pour un rendez-vous à la préfecture

Avec la dématérialisation, il est devenu quasiment impossible de prendre un rendez-vous en préfecture, notamment pour les personnes sans papiers. S’est mis alors en place un système parallèle extrêmement efficace : payer pour obtenir un rendez-vous. Et l’État laisse faire. Par Loïc Le Clerc pour Regards.fr.

« La préfecture de la Seine-Saint-Denis rappelle que toutes les prises de rendez-vous proposées sur son site internet sont gratuites.

Toute information contraire ne saurait provenir d’une communication de la préfecture et constitue une désinformation, le cas échéant diffusée sur un site frauduleux qui n’est pas celui de la préfecture. La préfecture se réserve le droit de porter plainte contre les auteurs d’une telle désinformation.

Soyez très vigilants, n’acceptez aucune prise de rendez-vous en ligne payante. »

Voilà le message qui s’affiche lorsqu’on se rend sur la page de prise de rendez-vous de la préfecture de Seine-Saint-Denis.

Prendre un rendez-vous. Quoi de plus normal, de plus élémentaire, pour un service public ? Sauf que, concernant les préfectures, c’est devenu mission impossible. Alors, comme à chaque défaillance du service public, s’organise un monde parallèle, totalement opaque, quasi mafieux, au vu et au su de tous.

Entre 225 et 800 euros le rendez-vous

M. est sans-papiers. Son témoignage n’est qu’un parmi tant d’autres. Cela fait des mois qu’il se rend, chaque jour, sur le site de la préfecture du 93 pour obtenir un rendez-vous, un premier, seulement pour déposer un dossier pour l’admission exceptionnelle au séjour. Mais, sur son site, la préfecture indique inlassablement qu’aucun créneau n’est disponible. Puis, le bouche-à-oreille fait son chemin. « Tu connais notifymoi.fr ? Ils te trouvent un rendez-vous en quelques jours ! » Et c’est vrai. Seul bémol – si l’on peut dire –, le rendez-vous coûte entre 250 et 800 euros, selon la démarche voulue.

« Il y a toujours eu de la corruption pour la prise de rendez-vous, nous explique Marguerite Rollinde, de la Cimade. Avant, des gens faisaient la queue pour prendre un rendez-vous et le vendre. Maintenant, la corruption, comme la prise de rendez-vous, est dématérialisée. »

En effet, depuis quelques années, les préfectures ont mis en place la « dématérialisation » des démarches. Plus besoin de faire la queue des heures pour prendre rendez-vous, tout est faisable en ligne. Formidable, non ? Sauf que le système est vicié. « Le résultat est instantané : il devient impossible d’obtenir un rendez-vous », déplore Marguerite Rollinde. À la Cimade, ils ont même créé un robot pour aller « harceler » le site de la préfecture. Mais rien n’y fait. Même leur robot n’arrive pas à obtenir de rendez-vous.La Suite Ici: regards.fr/actu/article/sans-papiers

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