Racontez ce moment où vous avez vécu un coup de coeur musical. Ce soir, je vous parle de « Caroline » de MC Solaar.
France, St Denis, Francs- moisins, 7e étage de mon bâtiment HLM. Il fait beau, je regarde la vue dégagée. La radio chante, Maman « la reine mère » fait la cuisine. Les titres s’enchaînent, la voix de l’animateur est hypnotique. J’entends l’annonce du titre et là, j’entends cette intro au violon suivie d’un scratch subtile car mêlé au tempo.
Bim ! Je comprends qu’un truc se passe ! Tous ces instruments de styles différents et mélangés sont inédits en France. Je me lève, me fige comme une statue de sel. Je suis comme frappée par ce style si singulier.
Ma soeur Rahma me dit quelque chose mais ma main vient se plaquer sur ses lèvres. Coutumière de ma « délicatesse« , elle comprend et devient statue comme moi. Nous laissons place à cette atmosphère incroyable. J’ignore si c’est idem pour vous mais quand une musique est belle, j’ai l’impression de flotter !
Le beat est impeccable, chaloupé. Quand Solaar rentre dans l’instru c’est majestueux. Ce phrasé parlé rappé est inédit ! Le timbre est grave, sans forcer, il joue sur des nuances. Les paroles sont simples et complexes pour la gamine que je suis. Où est-il allé chercher ces métaphores. C’est une ode musicale romantique. Certains n’aimeront pas mais comme pour des millions de personnes Solaar m’aura piqué dans les entrailles. J’ apprends quelques phrases en direct « l’as de trèfle qui pique ton coeur. Caroline ».
Je galope jusqu’au téléphone et arrache une feuille du calepin pour griffonner quelques phrases entendues au dernier couplet…Trop tard ! Le titre est passé…
Il n’y a pas internet, pas de possibilité de trouver un disquaire…en ce temps là écouter un titre nouveau, c’est vivre un instant éphémère jusqu à la prochaine diffusion, jusqu’à l’achat de la K7 ou du Vinyle. En ce temps là, les oeuvres de l’esprit se méritent et se dégustent.
Ma soeur reprend son droit d’occuper mon esprit et comme moi elle est conquise. Née dans une maison où mon grand frère rappeur nous abreuve de la fougue de Public Enemy, ma mère de ses vinyles de Barry White et de chanteurs Africains comme Youssou N’Dour et Fela…on a tous ce je ne sais quoi qui fait qu’on a la musique dans la peau. Sur ce coup là, nous voici sur le « Caro » !
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