» Un peu en retrait et au milieu de la cour, trônait un vieil arbre majestueux et impressionnant…
(…) Alors, l’arbre (…) faisait beaucoup d’ombre. Plus loin dans la cour, en profondeur, au côté du mur droit, il y avait un autre arbre bizarre, par sa forme. Il était incliné, son tronc ressemblait à un dos courbé et au bout, il y avait un feuillage très peu dense. Cet arbre était effrayant par certains côtés.
Ma mère m’empêchait alors d’aller dans cette zone de la cour, prétextant que cet arbre et ce lieu étaient les résidences d’un KOUSS. (…) “KOUSS”, c’était un lutin de la mythologie Africaine et Sénégalaise. Il avait une calebasse dont la possession, après bagarre avec lui, permettait de solliciter et d’obtenir tout ce qu’on désirait, en particulier la fortune.
Birahim Diop a immortalisé KOUSS dans ses contes qui a fait également l’objet d’une pièce de théâtre. Bref, c’était un RAB bagarreur et très méchant. Il avait donc deux visages : un visage maléfique et un autre bénéfique pour ceux qui arrivaient à obtenir la calebasse.
Donc ma mère m’empêchait d’aller là et je n’y allais pas parce que j’avais peur de cette forme inhumaine. Les nuits nous étions dans la cour, j’évitais même de regarder de ce côté. Ma mère s’y livrait quelquefois à des libations et je me souviens que chaque année, à l’occasion du nouvel an musulman et du TAMHARIT, elle y déposait sur le dessus d’une calebasse une poignée du couscous que nous avions consommé et un peu de viande.
Moi, une fois, voyant un chat venir manger ce qui était déposé pour le RAB, j’ai cru bien faire en lui envoyant un coup de pied qui l’a fait flotter dans les airs avant de retomber. Ma mère accourut et me donna alors une gifle retentissante pour avoir donné, selon elle, un coup de pied au RAB qui s’était transformé en chat pour venir prendre son dû.
Après cela, elle a fait venir un vieux, habitant à côté, qui a fait des prières sur ma tête pour exorciser le démon que le RAB n’avait sans doute pas manqué de m’envoyer (RIRE). »
Boubacar Ly (Lire l’ouvrage Entretiens du Professeur Souleymane Gomis)
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