Toutes les Tariqa mènaient à la hadîqâ

Tous les Sëriñ/Seernaabé etaient des beykat/remoobe et toutes les tariqa mènaient à la hadîqâ [حديقة, ngessa/tool].

« Quel est ce présent que pourraient instituer en commun des hommes non seulement privés par les hasards de la vie du même passé mais dont les passés respectifs ne valent pas pareillement en tant que passés ? »Gérard lenclud , « Être contemporain. altérité culturelle et construction du temps » [pp. 42-67], in. J. André, S. Dreyfus-asséo & f. hartog, les récits du temps, paris, puf, p. 45.

Lorsque je suis arrivé dans la demeure, une sérénité me pénétra jusqu’au tréfonds de mon âme.

La lumière tamisée rendait l’atmosphère encore plus solennelle. je me sentais comme dans un lieu de méditation.

Nous étions venus, en partie, méditer sur notre propre humanité afin d’extraire cette parcelle d’in-humanité qui la constitue.

Parcelle, un volcan en latence, qui peut se reveiller… à tout moment, baclant l’histoire… retournant le couteau deux fois dans la plaie de la mémoire… elle a cette capacité etrange de nous faire chavirer comme un looco, dont le moteur hors-bord est hors usage…et face à l’abîme… il faut tenir sur une branche… ou avoir un vrai « loggal« … au-delà de la falaise abrupte…bref !

Je ne pouvais soupçonner que j’allais être accompagné durant tout mon séjour par sa baraka. on croit et ça marche. car il finit par vous accompagner contemporainement.

Le couloir qui me menait à ma chambre … était fondu dans l’éclat de ces deux photos « noir et blanc » inédites, dans leurs cadres forgés à la touarègue… dabaax… mame fatou bâ…le stress de l’escale d’ addis-abeba se dissipa en un clin d’œil.

Un alhamdou lilahi, sorti de je ne sais où, dévala la colline avant de me revenir comme l’écho de la contemporaneité de son kaddu/kongol. Merci chère sœur coumba !

Donc à kigali, jai dormi dans sa demeure… son kaddu/kongol résonne partout… car ce n’est pas une simple parole volatile… c’est une philosophie de la vie… elle sourd de l’intérieur, suivant cette fibre qui plonge ses racines aux pieds de l’âme… l’esprit au-delà du corps, en médiation.

Sa voix semble apaiser par sa consensualité constitutionnelle, c’est-à-dire qu’elle est profondément humaine… elle ne vous touche pas, elle vous pénètre, tout en faisant naître… en vous… ce frisson qui finit par irradier le corps de n’importe quel quelconque… car tous unanimes…en tout cas, pour expliquer à mes apprenants ce que c’est que la contemporaneité, je donne toujours le caractère vivant de son kaddu… qui traverse les époques au-delà de la « variété des mesures » et la « pluralité des cadences du temps ».

Il ne s’agit pas de ce temps qu’on partage en tant que contemporain… mais ce temps « marqué par la non simultanéité de ce qui advient dans la simultanéité chronologique. »

La semence a pris racine, car le jardin intérieur est bien tenu… l’abeille butine la fleur… coule le nectar de l’espérance.

« jenaatoun tejrii min tahti el an-haar… khaalidouna vihâ… »

aamiin.

excellent gamou.

 

nb : tariqa étant voie, yoon, laawol jamm.

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Il écrit et ne s'arrete jamais d'écrire. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages (essais & romans). Avec humour, philosophie, il raconte les lieux comme personne. Enseignant-Chercheur à UCAD, Abdarrahmane Ngaidé est un historien de formation.

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