Rosa Parks est née en 1913. Loin d’être un modèle de respectabilité politique, elle était une organisatrice expérimentée et provocatrice de la classe ouvrière, elle méprisait la soumission servile représentée par Jim Crow, [« Jim Crow » est une expression péjorative désignant les personnes noires vivant aux États-Unis, le nom vient d’une chanson sur laquelle chantait et dansait un comédien blanc visage et mains peints en noir et caricaturant les afro-américains NdT] et elle combattait farouchement l’oppression sous toutes ses formes. Source : Jacobin Mag, Jeanne Theodaris, Les Crises
« Pour s’aventurer et déambuler sur la corde raide façon Jim Crow, de la naissance à la mort… Il faut une âme noble. Il y a toujours une ligne, une corde, quelle qu’elle soit : une ligne de couleur, une corde de pendaison, une corde raide. Pour moi, il semble que nous soyons des marionnettes dont l’homme blanc tire les ficelles. Ils disent qu’une ligne de ségrégation due à la couleur doit nous séparer, et pourtant ce sont ceux qui tirent les ficelles, et soit nous nous exécutons à leur grande satisfaction, soit, si nous franchissons cette ligne, nous en subissons les conséquences. » -Rosa Parks
Rosa Louise McCauley Parks est née il y a 110 ans aujourd’hui. Son attitude courageuse dans un bus de Montgomery en décembre 1955 fait désormais partie de la légende américaine, [Elle a refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus de Montgomery le 1er décembre 1955. Ce bus qui a marqué le point de départ du boycott des bus de la ville est maintenant exposé au musée Henry Ford, NdT] mais sa voix politique et son radicalisme sont encore largement sous-estimés. Même ceux qui savent qu’elle n’était pas qu’une simple couturière, et ils sont nombreux, continuent de la présenter comme un modèle de politique de respectabilité – déformant ainsi ses convictions politiques, les souffrances qu’elle a endurées et l’aspect radical du mouvement des droits civiques.
Lorsque le boycott des bus de Montgomery a commencé, Rosa Parks était une organisatrice chevronnée de quarante-deux ans, issue de la classe ouvrière. Elle avait grandi dans une famille qui soutenait le panafricaniste Marcus Garvey [Le Panafricanisme est un mouvement intellectuel et politique entre Africains et Afro-Américains qui considèrent ou ont considéré les Africains et les peuples d’ascendance africaine comme homogènes, NdT] et avait commencé sa vie politique adulte aux côtés de son mari militant, Raymond. Elle a rejoint la National Association for the Advancement of Colored People (NCAAP) locale en 1943 et a passé la décennie suivante à travailler dans le cadre de toute une série de procès contre le viol et le lynchage légal.
Aux côtés de E. D. Nixon, militant de Montgomery et leader de la Fraternité des porteurs des wagons-lits [Le Brotherhood of Sleeping Car Porters est un syndicat américain fondé en 1925 par Asa Philip Randolph. Regroupant des travailleurs du chemin de fer, il est le premier organisme syndical mené par des Afro-Américains à être reconnu par la Fédération américaine du travail, NdT], Parks a poussé la NAACP de la ville à prendre des mesures plus affirmées contre les lois Jim Crow [Lois nationales et locales issues des Black Codes imposant la ségrégation raciale aux États-Unis, NdT]. Soutenue par la très célèbre Ella Baker, figure légendaire, elle a été influencée par les conceptions démocratiques radicales de Septima Clark et Myles Horton lorsqu’elle a fréquenté la Highlander Folk School l’été précédant son arrestation.
Rosa Parks s’est installée à Detroit en 1957 et a passé la seconde moitié de sa vie à lutter contre l’injustice raciale du Nord, ne voyant « pas une grande différence » entre la ségrégation dans les écoles et les logements, la discrimination dans l’emploi et les brutalités policières et ce qui se passait dans le Sud. Elle a embrassé tout à la fois l’action directe non violente et le droit moral à l’autodéfense, citant Malcolm X comme le héros de son panthéon personnel.
Jusqu’à la fin de sa vie, Parks est restée convaincue que la lutte n’était pas terminée et qu’il restait beaucoup de travail à faire. Pourtant, dans le panthéon des radicaux noirs, elle est souvent omise, et ses idées politiques restent largement ignorées.
Avant le boycott
Née en 1913 à Tuskegee, Alabama, Rosa Parks a commencé à militer dans sa ville. À six ans, lorsque la violence raciste explose à l’encontre des soldats noirs revenant de la Première Guerre mondiale, elle veille avec son grand-père qui, armé de son fusil de chasse, protège leur maison des attaques du Ku Klux Klan. Lorsqu’elle était pré-adolescente, alors qu’un individu blanc, véritable brute les menaçait, elle et son jeune frère Sylvester, elle a ramassé une brique et l’a menacé. Il a reculé. Lorsqu’elle a raconté l’incident à sa grand-mère, celle-ci l’a réprimandée en lui disant que si elle persistait dans ce genre de comportement, elle serait lynchée avant même d’avoir grandi. Se sentant trahie, la jeune Rosa a répliqué : « Je préfère être lynchée plutôt que de vivre en me faisant maltraiter, plutôt que de ne pas avoir le droit de dire : « Ça ne me plaît pas. »
À l’âge de dix-huit ans, un ami commun a présenté Rosa à un barbier très engagé politiquement, Raymond Parks. Elle le décrit comme « le premier vrai militant que j’aie jamais rencontré ». Raymond menait une action en faveur des Scottsboro Boys, neuf jeunes gens âgés de douze à dix-neuf ans qui avaient été accusés à tort de viol et qui, à l’exception du plus jeune, avaient été condamnés à mort. (La campagne était en grande partie menée par des communistes et d’autres gauchistes, car la NAACP se tenait à l’écart des affaires de violences à caractère sexuel, réelles ou supposées). La rencontre avec Raymond a ouvert pour elle un nouveau monde de lutte collective. Lorsqu’ils se sont mariés, Rosa l’a rejoint dans cette entreprise dangereuse ; elle se souvient de rassemblements se déroulant tard dans la nuit, les armes sur la table, car il était risqué de tenir une réunion. Lire La Suite ICI
Laisser un commentaire