Le ministre de l’Emploi, Abass Fall, a annoncé l’obtention de 1 000 emplois pour les Sénégalais au Qatar. Cette annonce semble offrir une opportunité précieuse, mais soulève aussi plusieurs questions importantes.
Si l’État organise le départ de ses jeunes formés, souvent grâce aux ressources publiques, quel message envoie-t-il à la jeunesse moins qualifiée, notamment celle qui ne bénéficie pas de cette formation ?
En envoyant des professionnels à l’étranger, quel signal donne-t-on aux jeunes moins éduqués ? Quel signal donne t-on aux ouvriers, artisans aux métiers manuels ? Comment retenir ces jeunes au Sénégal, quand l’État semble incapable d’offrir des emplois à la « crème » de sa jeunesse ?
Bien qu’il soit indéniable que le Sénégal bénéficiera de virements et de transferts d’argent, ainsi que de l’acquisition d’une expérience internationale par ces jeunes, quel en sera l’impact réel à long terme pour le pays ? Comment le Sénégal pourra-t-il récolter les bénéfices des investissements publics consacrés à leur formation ? Ne serait-il pas pertinent que ces travailleurs versent un impôt spécial (encadré dans le protocole bilatéral entre le Sénégal et le Qatar) pour soutenir les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ? Beaucoup de pays organisent leur diaspora. Le Sénégal doit en faire de même !
Il est aussi crucial de se poser des questions sur les conditions de vie des travailleurs au Qatar. Pourront-ils rapatrier leurs gains ? Les conditions de travail seront-elles comparables à celles offertes au Sénégal, en termes de congés, de couverture médicale, et d’indemnités ? Le Qatar permettra-t-il les regroupements familiaux ?
Ces interrogations soulèvent des enjeux fondamentaux concernant la gestion des talents et des ressources humaines, et mettent en lumière la privatisation des gains personnels et la socialisation des coûts de la formation. Cela renforce l’idée qu’il est nécessaire de repenser le modèle éducatif au Sénégal et de cesser la gratuité de l’enseignement, afin d’intégrer un système plus équitable et durable pour le pays.
On peut comprendre que face à l’urgence du défi de l’emploi, une telle solution puisse ravir, mais elle ne doit être que conjoncturelle. Le Sénégal a pour objectif la transformation systémique de son économie. Dés lors, ll est évident que le pays aura besoin de tous ses bras et de tous ses cerveaux.
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