dix penseurs du mouridisme

Le Mouridisme voie soufie créée par Cheikh Ahmadou Bamba fête le Magal de Touba consacrant le départ du Cheikh pour son long exil gabonais. Si le Cheikh est l’inspirateur de la voie, il a bénéficié de l’apport de valeureux penseurs qui ont apporté chacun à sa façon une contribution non-négligeable. Voici dix penseurs incontournables du mouridisme.

Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké

Mouhamadou Moustapha fils ainé de Cheikh Ahmadou Bamba est né en 1888 à Darou Salam, d’une mère elle-même issue d’une grande famille d’érudits, Sokhna Aminata Lô. Il est le pionnier. Celui qui posa tous les jalons de la future organisation de la confrérie. D’abord il organisa de mains de maitre les funérailles et l’enterrement du Cheikh à Touba, dans un contexte très peu favorable, déjouant les nombreux couacs de l’administration coloniale. S’il ne l’avait pas fait et laissé enterrer le Cheikh à Diourbel, Touba ne serait jamais devenu Touba. Ensuite, à la disparition du Cheikh, il parvient avec autorité, érudition et sagesse à réunir la famille et toute la communauté autour de sa personne. Enfin, il négocie et obtint l’autorisation pour construire la grande mosquée. Relevant avec brio le défi des colons qui lui imposent, s’il veut sa mosquée, de poser lui-même les 50 km de chemin de fer, de Diourbel à Touba nécessaire pour acheminer le matériel lourd. Avec cette réalisation, il montrait déjà la formidable capacité de mobilisation (Ressources humaines & financières) de la confrérie Mouride. Par la suite, cette mobilisation on la retrouvera avec le khalife Serigne Abdou Lahad (1914-1989) surnommé le bâtisseur et qui participa à donner à la ville sainte un visage toujours plus moderne. Cette formidable capacité de mobilisation financière–un modele à magnifier et à copier- a permis tout dernièrement à la confrérie de construire la plus grande mosquée d’Afrique de l’Ouest : Massalikul Jinnan (inaugurée le 27 septembre 2019).

Mouhamadou Moustapha a étudié le Coran aux côtés de Serigne Ndame Abdou Rahmane Lo, grand compagnon de son père. Mame Thierno Birahim Mbacké, frère cadet du Cheikh, se chargera de la formation théologique et le Cheikh en personne complétera ses connaissances. Homme de dimension multiple, il entretiendra des relations cordiales et amicales avec des personnages comme Seydou Nourrou Tall ou le roi des Traza en Mauritanie. Quant à l’administration coloniale, il a réussi à établir de bons rapports à un point tel, que le Gouverneur Général de L’A.O.F en personne a été son hôte à TOUBA, trois jours durant. Après avoir organisé la confrérie et jeter les bases de sa survie, Mouhamadou Moustapha Mbacké s’éteint en 1945.

Mame Cheikh Anta Mbacké

Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, plus connu sous le nom de Mame Cheikh Anta Mbacké ou de Borom Gawane est né en 1867 dans la région du Rip. Il est le frère de Cheikh Ahmadou Bamba. Sa mère Sokhna Anta Ndiaye est une cousine de Sokhna Diarra Bousso la mère de Khadimou Rasoul. Formé par Serigne Ndame Abdou Rahmane Lo et par son illustre frère, Borom Gawane a été l’argentier du mouvement naissant de Serigne Touba. Agriculteur et homme d’affaires prospère, il mettra son immense fortune (Considéré comme l’homme le plus riche du Sénégal en 1919) au service de la communauté de Bamba. Sa grande contribution lui valut le nom de  » Borom Dërëm ak Gërëm »  » (le nanti et l’agréé). Le Khalife Serigne Saliou (1915-2007) accordera aussi une place importante à l’agriculture avec ses nombreux champs dont Xelcom… Mame Cheikh Anta eut la chance d’aller rendre visite à Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon où ce dernier était exilé. Au retour du Cheikh au Sénégal, il organisa les cérémonies d’accueil et de réjouissances. Bien que le Magal célèbre le départ du Cheikh, la façon dont Mame Cheikh Anta organisa les festivités du retour (Ray na louy dox, ray na louy naw) n’est pas très eloignée de celle du 18 Safar. Mame Cheikh Anta était un homme de Dieu ouvert sur le monde et qui entretiendra des correspondances fécondes avec les autres chefs religieux du pays. Bien des années plus tard, son homonyme Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké (1924-2018), fils de Serigne Bara fils de Khadim Rassoul accéda au Khalifat et plaça son action sous le signe du rapprochement des musulmans.

Serigne Mouhamadou Al Bachir Mbacké

Serigne Bassirou Mbacké est né en 1895, l’année du départ à l’exil de son père Cheikh Ahmadou Bamba. De par sa mère Sokhna Fatoumata Bintou Mouhamed (Moukhtar Koki) Serigne Bassirou est un descendant de la famille régnante du Cayor. Fin lettré, Serigne Bassirou est un des grands érudits de la confrérie mouride. Il est l’auteur de Minanul Bakhil Khadim, un classique de la littérature mouride sur la pensée de Cheikhoul Khadim. Serigne Bassirou est l’instigateur de la réhabilitation de Porokhane où se trouve le mausolée de Sokhna Diarra la mère de Serigne Touba. Le Magal de Porokhane est devenu un événement majeur du calendrier annuel mouride. Très jeune il assimile les secrets de la théologie et du Droit musulman. C’est Serigne Ndame Abdourahmane Lo qui guida ses premiers pas dans les études coraniques. Ensuite, il passe entre les mains du savant Serigne Ababacar Diakhaté, plus connu sous le nom de Serigne Mbaye Diakhaté (fils du réputé Khaly Madiakhaté Kala) enfin Serigne Touba en personne finira sa formation. Serigne Bassirou était un savant à l’aise dans des domaines divers comme la philosophie, la littérature arabe, l’astronomie, l’Histoire et la géographie. Il entretiendra des relations poussées avec les autres érudits de son temps, au Sénégal comme à l’étranger. Proche des guides religieux comme Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Baye Niasse, Ahmadou Deme de Sokone entre autres, il a grandement participé à la diffusion du travail du Cheikh et aussi à la construction d’un dialogue inter-confrériques des plus intéressants. Serigne Bassirou, s’il n’a jamais été Khalife de Bamba, son fils Serigne Moustapha Bachir joua un rôle de premier plan dans la communauté mouride notamment en accompagnant de fort belle manière le magistère de Serigne Abdoul Ahad. Aussi, son autre fils, Serigne Mountaha est l’actuel khalife général des mourides. Serigne Bassirou s’est éteint en 1966.

Mame Thierno Birahim

Né en 1862, Mame Thierno, Ibrahima Faty Mbacké à l’état-civil ou encore Borom Darou, est le frère cadet de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du mouridisme. Il est celui à qui le Cheikh confia sa famille et la communauté lors de ses différents exils. Mame Thierno est celui qui assure la formation des fils ainés de Khadim Rassoul à savoir : Moustapha, Bassirou et Fallou. Il sera pendant longtemps l’intermédiaire entre le marabout et l’administration coloniale. Mame Thierno est sans doute celui qui maintint allumé la flamme du mouridisme pendant les longues absences du Cheikh. C’est pourquoi on le nomme le gardien de l’orthodoxie mouride. Cette orthodoxie que suivront plus tard des guides comme Serigne Abdou Khadre (1914-1990), Serigne Sohaïbou Mbacké (1917 – 1991) ou encore Serigne Abdou Khoudoss Mbacké (1909-2003). Sans lui, peut-être que la voie ne se serait pas développée autant. Serigne Touba et Mame Thierno scellent leur compagnonnage dès la naissance de ce dernier. En effet, Mame Mor Anta Saly dit ce jour à son fils Bamba: « La bonne nouvelle que tu attendais est venue, Sokhna Faty a donné naissance à un enfant qui sera celui sur lequel tu pourras t’appuyer, pour réaliser ta noble mission.Sa mère Sokhna Faty Issa Diop est la fille de Serigne Coki Ndiaga Issa. Mame Thierno, vient donc d’une famille d’érudits puisqu’il est le petit-fils du grand Mokhtar Ndoumbé. C’est Serigne Touba qui s’occupa de la formation, de l’éducation et de l’instruction de Mame Thierno. Il passera toutefois à l’école d’érudits comme Serigne Barama et Khali Madiakhaté Kala. Mame Thierno ferma les yeux à jamais en 1943 dans son village de Darou Mousty.

Serigne Moussa Ka

Fils de Serigne Ousmane et de Sokhna Absatou Seck, Serigne Moussa Ka est né à Ndilki près de Mbacké Baol vers 1890. On ne peut parler de littérature dans le mouridisme sans évoquer Mame Moussa Ka.  Écrivain, poète, biographe, Mame Moussa Ka a écrit sur toutes les grandes questions de la religion; L’histoire du prophète, la foi, la guerre sainte de l’âme, les devoirs du musulman. Il a écrit aussi de nombreux textes sur la grande mosquée de Touba, dédié des poèmes d’éloges à son maitre Cheikh Ahmadou Bamba, sur ses enfants et sur ses Cheikhs. Son remarquable travail,( poèmes en Wolof pour un peulh) fait l’objet de plusieurs études universitaires. Xarnu-bi, un de ses textes les plus célèbres est un hommage à son Maitre Cheikh Ahmadou Bamba, mais également une source importante pour les chercheurs qui s’intéressent à la crise des années 30. Véritablement Serigne Moussa Ka montre à suffisance la dimension spirituelle et soufi du Cheikh. La profondeur de ses textes, leur originalité placent son Maitre dans une perspective universelle. C’est ce que se demande le chercheur Saliou Ndiaye dans Éthiopiques: « Au moment où le Serviteur du Prophète composait en arabe la quasi-totalité de sa volumineuse production, ses disciples, grands érudits arabophones dans leur majorité, préféraient la langue locale wolof. Derrière cette attitude se cache sans doute une énigme dont la clé pourrait se révéler avec l’analyse de l’un des poèmes de Moussa Kâ : « Taxmiis ».
Longtemps considéré comme un poème à travers lequel l’auteur se fait le défenseur de sa langue nationale ce chef-d’œuvre soufi, replacé dans son contexte de la quête de la réalité essentielle (al-ḥaqîa) du Taṣawwuf, semble être le porteur d’un message plus élevé pour ne pas dire plus universel que celui qui s’offre à sa première lecture. Le poète, en hissant son maître noir au sommet de toutes les valeurs spirituelles des religions révélées, ne suggère-t-il pas le sens d’un certain universalisme ? »

Muhammad al-Amîn Ahmad DIOP Dagana

Cheikh Muhammad al-Amîn Diop est l’auteur de Irwaunnddim Min’ Adhbi Hurb Al-Khadim (L’Abreuvement du Commensal dans la Douce Source d’amour du Serviteur). C’est le livre-référence pour qui veut connaitre la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba car il le dit lui-même: « Tout ce que je dis du Cheikh dans mes écrits, soit je l’ai vécu en tant qu’acteur, soit en tant que témoin oculaire, soit il me l’a raconté de sa propre bouche. » Originaire de Dagana où il naquit en 1886, Muhammad al-Amîn Diop est un des premiers lettrés Sénégalais convertis à la voie mouride. Il étudia le Coran auprès de son père Tafsir Amadou Diop pour qui il écrira plus-tard plusieurs exemplaires du Saint Coran. Sa mère se nomme Hannetou Diop. Cheikh Ahmadou Bamba se rendant en Mauritanie, envoyé par Mame Mor Anta Saly son père la première fois et pour son compte personnel la seconde fois, faisait toujours escale à Dagana chez Tafsir Amadou. Lorsqu’il fut exilé en Mauritanie plus tard aussi, sur sa route, il s’arrèta encore à Dagana. Cette fois, Tafsir Amadou confia son fils Muhammad al-Amîn Diop Dagana au Cheikh afin qu’il l’accompagne. C’est ainsi qu’il séjourna en Mauritanie. Il le suivra au Djoloff et s’établira avec lui à Diourbel. Serigne Touba parachèvera la formation islamique et mystique de Muhammad al-Amîn Diop Dagana. Bamba qui le portait en haute estime et lui accorda une place privilégiée dans son cercle. Serigne Muhammad al-Amîn Diop Dagana faisait partie de l’entourage intime du marabout. Il est son assistant, son bras-droit et son confident jusqu’à son rappel à Dieu en 1927.Serigne Muhammad al-Amîn Diop Dagana avait le privilège d’être le premier lecteur du Cheikh. Il lui récitait souvent le Coran, lui préparait toutes ses audiences, faisait l’appel à la prière et était un de ses scribes préférés. À la disparition du Cheikh, Serigne Muhammad al-Amîn Diop Dagana se fixa à Diourbel où il enseigna le Coran et les sciences islamiques avant d’être nommé Imam de la grande Mosquée de Diourbel. Il rejoignit son seigneur en 1967 et fut enterré à Touba à la demande de Serigne Fallou.

Cheikh Ibrahima Fall

Cheikh Ibra Fall est la figure la plus marquante du mouridisme à ne pas porter le patronyme Mbacké. « Lampe Fall » autrement dit la lampe qui montra Cheikh Ahmadou Bamba au monde. Cheikh Ibra Fall disciple fervent du Cheikh a été et est encore l’exemple à suivre pour tout talibé. Il s’est donné corps et âme au fondateur du mouridisme. Si Cheikh Ahmadou Bamba est l’inspirateur, Cheikh Ibra est sans conteste la cheville ouvrière du mouridisme. Né dans la province du Ndiambour vers 1855 à Ndiaby Fall, Cheikh Ibra Fall est d’une descendance noble ( famille du Damel du Cayor), il étudie le coran et devint un riche agriculteur avant de rencontrer Khadim Rassoul . Il tourna le dos à ses richesses et à son statut social pour suivre son guide. De sa dévotion naitra le mouvement Baye Fall, le nom que l’on donne à tous ceux qui se réclament de sa philosophie basée essentiellement sur le travail. Se mettre au service du Cheikh et de sa descendance tel est leur crédo. Cheikh Ibra Fall en plus de ses richesses qu’il mit au service de la communauté, n’agit et ne vit que pour son maitre. Pour lui, travailler pour ce dernier n’est pas plaisir, mais dévotion. Ce comportement lui voudra d’être traité de marginal. Toutefois, il joua, en fin diplomate (Ce que peu de personnes savent), un rôle important dans la facilitation des relations entre l’administration coloniale et le Cheikh. Ce fut lui officiellement, raconte le chercheur Abdou Khadre Mbacké, qui écrivit au gouverneur du Sénégal pour demander la libération du Cheikh lorsque ce dernier était entre les mains des Français Lettre datée du 23 janvier 1909). La demande continua de faire son chemin et Ibrahima Fall échangea de nombreux messages avec l’administration, gagnant au passage le soutien de membres de la classe politique de Saint-Louis qui appuyèrent en haut-lieu sa requête. Cheikh Ibra quitte ce bas-monde en 1930 à Diourbel où il avait rejoint son guide revenu d’exil.

Serigne Mouhamadou Fadilou 

Fils de Sokhna Awa Bousso et de Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Fallou Mbacké fut le deuxième Khalife du trône Mouride. Né un 27 juin 1888 à Darou Salam, il a occupé le Khalifat Mouride de 1945 au 06 août 1968, année de son décès à Touba. D’une précocité intellectuelle remarquable, Gallas eut pour maitres coraniques Serigne Dame Abdou Rahman Lô, son oncle paternel Mame Mor Diarra Bousso et le Cheikh lui-même. Il se rendra également en Mauritanie afin d’approfondir ses connaissances. Sa grande réussite et sans doute la finalisation des travaux de la grande mosquée de Touba en 1963. Un an après son accession au khilafat, il fit du magal un des événements clés de la ville sainte en demandant aux fidèles de rallier Touba et de le fêter dans l’unité dans la cité du Cheikh. Serigne Fallou sera Khalife durant les trente glorieuses. Une période de croissance économique et de prospérité. Surnommé Gallas, il est assurément, le fils de Serigne Touba le plus célèbre et le plus adulé. Il compte un nombre incalculable d’homonymes. Grand érudit, il est l’auteur de plusieurs pensées et théories qui sont, chacune, des leçons de vie. Ce dignitaire mouride dont l’anniversaire correspond à l’ascension du Prophète Mouhamad (PSL), est à l’origine de la célébration du « Magal Kazu Rajab », un événement bien connu, auquel assistent des centaines de milliers de fidèles mourides. Sous le « Ndigueul » de son père et guide, Serigne Fallou fonda plusieurs villages dont « Ndindy » en 1913, « Bogorel » en 1914, « Mbepp » en 1930, « Merina Bobo » en 1932, « Khayane » en 1938, « Touba Merina » en 1948, « Aliyeu » en 1950, « Nayroul Marame » en 1952, « Touba Sarang » en 1961 et « Touba Bogo » en 1962. Le célèbre marché « Ockass » de Touba doit également sa création à Serigne Fallou Mbacké.

Cheikh Abdoul Ahad Mbacké

Cheikh Abdoul Ahad Mbacké est le 3ème Khalife Général des Mourides. Appelé le bâtisseur, Serigne Abdoul Ahad est le Khalife qui, dans les années 80, a grandement participé à l’expansion de la ville sainte. La grande bibliothèque comprenant 170.000 ouvrages et des exemplaires du Coran, la gare routière, l’hôpital et la gendarmerie, figurent parmi ses plus grandes réalisations. Il fut à l’origine aussi du grand forage qui couta plus d’un Milliards de FCFA. Avec toutes ses réalisations, il confirma l’espoir placé en lui par son illustre père dés sa naissance.  » Priez pour lui afin qu’Allah lui accorde longue vie car, en lui, je place un espoir immense » avait dit Khadim Rassoul lorsque Dieu lui donna Serigne Abdoul Ahad en 1914.

Né à Diourbel, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké a appris le Coran et les Sciences religieuses auprès de son oncle Amsatou Diakhaté, frère de sa vertueuse mère Sokhna Mariama Diakhaté. Homme véridique et d’une franchise rare, il n’hésitait jamais à recadrer avec fermeté les disciples quand il le fallait. Pour mettre fin aux mauvaises pratiques et à la vente de produits illicites dans une ville sainte qui ne cessait de s’agrandir sous son magistère, il demanda à la gendarmerie de sévir sous sa bénédiction. « Je combattrai l’illicite. J’y mets ma vie en jeu » lança-t-il aux populations. Baye Lahad comme on l’appelait affectueusement, aimait la constance dans le respect des valeurs, c’est pourquoi il disait:  » Quelqu’un qui, lorsque l’on compare ses propos d’hier et ses actes d’aujourd’hui, on y trouve aucune contradiction: voilà un vrai homme. » Le style c’est l’homme. Baye Lahad avait du style. Tant dans sa manière de parler (direct, franc, sans langue de bois) que dans sa façon de s’habiller. Son boubou ample avec ses grandes poches a donné au Sénégal le fameux « Baye Lahad. »

Le 19 juin 1989, Serigne Abdoul Ahad rejoignit son Seigneur. Il laisse comme héritage des valeurs comme: le culte du travail, l’attachement à la vérité et à la droiture selon les préceptes de l’Islam.

Serigne Cheikh Mbacké

Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma est le fils de Mouhamadou Moustapha premier Khalife de Bamba. Né en 1913, il fut baptisé par son grand-père Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, lui-même qui lui a donné son prénom. Il est envoyé par son père chez le grand-père Serigne Makhtar Allé Lô, à Tindoly, puis à Touba, chez Serigne Modou Mokhtar Dieng pour son éducation. Par la suite, Gaïndé Fatma se rend en Mauritanie pour se perfectionner en littérature, en théologie et au « tadjwid ». Serigne Cheikh a donc très tôt aimé les voyages et échanger avec le monde. Il est le véritable premier ambassadeur du mouridisme. Plus tard, la confrérie aura des ambassadeurs émérites comme Serigne Mourtada Mbacké (1927-2004). Moderne, ouvert sur le monde, il se rendra dans tous les continents se liguant d’amitié avec des érudits, des hommes d’affaires ou des Chefs d’États (Sa majesté le roi Hassan II, Félix Houphouët-Boigny, Yassar Arafat, Gamal Nasser, Sékou Touré) . Défenseur infatigable de l’éducation des enfants, il a été un pionnier dans la construction d’établissements scolaires à Touba. Gaïndé Fatma avait une vision et une ambition: faire du Sénégal un pays respecté à travers le monde. Selon lui, il faut impérativement s’adosser à notre culture et à nos valeurs pour construire la prospérité. Il sera à l’origine du premier découpage et lotissement moderne de Touba et traça l’avenir socio-économique de la ville sainte et même du Sénégal. Il permit aux jeunes de Darou Khoudoss, d’aller à l’école française et coranique dans sa grande compréhension des enjeux géopolitiques. Serigne Cheikh contribua à l’apaisement du climat politique du pays, encouragea Cheikh Anta Diop dans ses travaux et aida financièrement Abdoulaye Wade à créer son parti le PDS. Serigne Cheikh Mbacké était d’une générosité incommensurable et redistribuer tous ses revenus issus de son commerce et de ses champs aux populations. Gaïndé Fatma rejoint son Seigneur en 1978. Cependant, la vision moderne qu’il avait de Touba et de la voie de son grand-père inspire encore aujourd’hui les jeunes générations. Elle (sa vision) est l’avenir de Touba.

 

 

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