Cinq phrases qui résument le combat de Sidi Lamine Niass (1950-2018)

Sidi Lamine Niass est décédé le mardi 4 décembre dernier à Dakar. Journaliste et dignitaire religieux, le President Directeur Général du groupe Walfadjri, est un homme de dimensions multiples. 

Fils de Khalifa El Hadj Mohamad Niass, un savant et écrivain de la confrérie des Tidianes, Sidi Lamine étudie le Droit et la Jurisprudence Islamique à l’Université Al-Azhar du Caire. De retour au Sénégal, ce passionné des mouvements estudiantins, notamment ceux de 1968, n’a qu’une seule obsession : faire en sorte que le champ des possibles, pour un diplômé des Universités en langue arabe, ne se réduise pas uniquement à l’enseignement. Il voit cela comme une injustice et, partant de là, épouse tous les combats qu’il juge nécessaires pour venir en aide aux opprimés. C’est ainsi qu’il participe à tous les combats socio-politiques du pays. Nous sommes au début des années 80. En 1984, il lance le bi-mensuel Walfadrji (qui deviendra un quotidien en 1993). Avec ce journal, il va contribuer largement à la pluralité de l’information. Sidi Lamine souhaite que toutes les voix puissent être entendues et Walfadjri, passé groupe de presse à partir de 1997, sera la voix des sans-voix. Diné Ak Jamono, ( Religion et Air du temps)l’émission qu’il anima du milieu des années 90 à la première décade de 2000, au départ ouverte aux religieux seulement, deviendra au fil des ans le passage obligé des politiques, des économistes, des juristes, des historiens et penseurs de tous bords et de tous horizons pour analyser les sujets brulants de l’actualité. Sidi Lamine Niass est auteur de plusieurs ouvrages, dont L’étranger parmi les siens,  paru en 2016 aux Editions Harmattan, dans lequel d’ailleurs il raconte les obstacles qu’un individu formé en arabe rencontre dans un pays où le français est la langue dominante. Sa grande réussite aura été finalement, lui l’arabisant, d’avoir mis en place un groupe presse d’envergure et formé un nombre important de journalistes. Sidi Lamine Niass était aussi un personnage clivant, comme du reste toutes les personnes qui ont de fortes convictions et qui les expriment avec courage. Défenseur de la démocratie, combattant, toujours prêt au débat et à l’échange, sa disparition est une grosse perte pour le Sénégal. Il va laisser un grand vide. Un signe d’espoir : les Sénégalais sont sortis comme un seul homme pour lui rendre hommage vendredi (7 décembre) jour de son enterrement à Kaolack. L’air de lui dire : « les graines que tu as semées ont germé. Repose en paix ».

 

« Echanger est vital. L’Islam invite au débat. Si pécher c’est de dire ce que l’on pense, alors je suis le plus grand pécheur. Notre prophète nous pousse au dialogue, mais nous invite aussi à dénoncer l’injustice. »

« Quand des dirigeants croient qu’ils sont La loi et agissent impunément, il n’ y a pas pire calamité pour un pays et un peuple. »

« Un groupe de presse n’est pas là pour plaire mais pour informer librement le citoyen. Walfadrji est la voix du peuple et il ne s’agenouillera jamais pour réclamer ce qui est à lui : le droit d’informer. »

« Un President élu, on lui rappelle les obstacles qui l’attendent avant sa prise de fonction, pas après. C’est comme la mariée, on lui dit ce qui l’attend dans le mariage avant qu’elle n’aille vivre en couple. »

« Nous espérons que le Président Macky Sall, qui vient d’être élu, ne reniera pas sa parole et n’instrumentalisera pas la justice. J’espère qu’il ne nous remettra pas pieds et poings liés à la France et qu’il ouvrira la porte à tous les pays capables de nous aider dans notre développement. J’espère surtout qu’il n’installera pas une république de parents, au détriment d’une république de citoyens. Enfin, que tout le monde prie pour lui parce que la mission est lourde. »  Soirée 26 mars 2012

 

 

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