A-t-on besoin d’un gendarme derrière soi pour nous obliger à nous protéger ?

Il est dans l’ADN de beaucoup d’individus d’avoir le réflexe de profiter du malheur des autres. Déjà, les fêtes sont une aubaine pour certains transporteurs qui ne se gênent pas pour doubler ou tripler les prix des transports ou pour certains commerçants qui augmentent les prix des denrées alimentaires en se disant qu’ils faisaient leur « traite».

Les premiers à disposer de masques de protection n’ont pas été en reste. Ils ont aussi hésité à spéculer sur les prix et à imposer des prix au-dessus des moyens des Sénégalais. Heureusement, les tailleurs qui ne trouvaient plus de marché pour la fête de la Korité ont très tôt pris la mesure des choses et commencé à produire tellement de masque que les spéculations ne sont plus possibles.

Malheureusement, malgré l’abondance des masques, beaucoup d’entre nous ne les portent pas pour se protéger et protéger leurs proches mais pour échapper au contrôle de police ou de gendarmerie. Ils ne l’arborent que lorsqu’ils entrevoient la tête d’un agent qui risque de leur coller une amende oubliant que le port du masque les protège d’abord et doit être un réflexe et non une contrainte. Il est très facile de justifier ces actes en indexant le gouvernement et en disant qu’il a failli dans sa communication. C’est pourquoi les populations ne se sont pas approprié les gestes barrières.

Seulement, la protection de soi et de ses proches doit d’abord un acte de responsabilité individuelle qui implique la conscience que l’on doit avoir de veiller à sa santé et à la santé de ses proches. On ne devrait certainement pas avoir besoin d’avoir quelqu’un derrière pour nous le rappeler même si on est nostalgique de la sanction et que sans sanction, personne ne songe à se protéger.

On se protège soi-même et l’agent qui nous oblige à nous protéger n’a rien à gagner en nous obligeant à porter notre masque. Donc, porter ou ne pas porter de masque ne devrait pas être lié à sa présence ou à son absence.

Dommage qu’on ait besoin d’avoir quelqu’un qui nous oblige à prendre soin de notre propre santé.

Share

Spécialiste des cultures urbaines et de questions de jeunesse, Mamadou Dramé, Docteur d'Etat ès Lettres, est l'auteur, entre autres, de ''Parlez-vous hip hop ?''éditions Afroquébec. Cet enseignant à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été reporter dans plusieurs quotidiens et radios. Ses analyses succulentes sur l'urbanité et l'avenir de l'Afrique sont sur Kirinapost.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *